TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
C'est pas le bon wagon !
On monte en catastrophe sous le regard lourd de reproches d'une provodnista et on s'engage vers notre compartiment qui est à l'autre bout du couloir. Lequel est bondé, on se faufile comme on peut.
On arrive à notre compartiment... qui est déjà occupé par deux asiatiques, un père et sa fille visiblement. Le train démarre, il est 20h27 (heure locale). Pile à l'heure.
- Do you speak English ? (non, ils ne parlent pas anglais).
Je tente l'allemand, le français (on peut rêver)... Non, ils ne parlent aucune de ces langues, et moi je suis au bout de mes maigres compétences luinguistiques. Arrive alors un italien qui parle un peu anglais... et veut aussi s'installer dans ce compartiment ! On en est donc à 5 personnes pour un compartiment de 4... réservé pour deux !
Et là, éclair de lucidité, je me doute qu'il y a un truc. On vérifie avec Alexandra qui arrivait à ce moment-là --ouf c'est le bon train-- et qui nous indique notre *vrai* wagon. La prochaine fois, on sera plus attentifs !
Déménagement dans le wagon suivant. Installation. Vodka. Big boss... La vie du train reprend très vite son cours, et le stress disparaît.
Le soir arrive déjà et le train s'arrête dans de nombreuses petites gares, avance très lentement pour l'instant. On ne verra probablement pas le Baïkal depuis le train, il fera nuit. Tant pis, de toute façon je suis crevé après cette longue journée. Il est temps de se reposer ! Je m'allonge sur ma couchette, un livre entre les mains. Le train roule, le wagon gigotte et grince, la radio crachouille une musique qu'on a déjà entendu bien des fois (Ю. Савичева - Стоп / Iulia Savicheva - Stop). Je sens que je vais bien dormir cette nuit. Demain en fin de matinée nous arriverons à la frontière.
Photos : le train s'arrête dans des petites gares, comme ici à Selendouma --bled notoirement inconnu-- où on peut admirer encore une fois la friche industrielle Russe au second plan.
Les paysages se suivent et évoluent rapidement. Ils sont écoeurants de beauté, comme diraient les québécois. A la vue de ces collines vertes ou de ces ruisseaux d'argent, je suis pris d'un vertige de sentiments. C'est très agréable, c'est beau, je voudrais que ce paysage ne s'efface jamais de ma mémoire. Vous voyez le genre de ressenti ? J'ai les larmes qui montent aux yeux --de plaisir probablement-- et je vois passer un poteau kilométrique. Il y en a tout le long du trajet, pas de façon continue mais assez souvent pour savoir où on est pour peu de surveiller attentivement pendant quelques minutes. Ils indiquent tous la distance en kilomètres jusqu'à Moscou. On en est déjà à 5837km de la capitale Russe ! Une distance plus grande que Badgad-Brest (4500km environ). C'est plus facile de sortir la tête et l'appareil photo parce que dans ce train-là, les vitres s'ouvrent. Il y a pourtant bien la clim, mais dans les précédents on devait utiliser la fenêtre des WC (la seule qui s'ouvrait) ou parfois celle de la cuisine du wagon-resto. Là, on profite à fond des fenêtres "ouvrables".
Le paysage s'applatit, la nuit tombe. Allez, dodo !
Je bois, donc je suis
Belle résolution, mais c'était sans compter mes soiffards de co-voyageurs. Bon d'accord, je n'ai rien fait pour les retenir, et on a donc partagé quelques verres de vodka. Et puis, comme de toute façon il faut boire le surplus avant la frontière... на здоровье (à votre santé... transcription non vérifiée mais qui se prononce Nazdrovié).
Mais j'insiste : le transsibérien n'est en rien une annexe du club torche ! Non monsieur, ici on boit mais avec la subtilité de l'amateur. Un peu comme la différence entre le bon chasseur et le mauvais chasseur, si vous voyez ce que je veux dire ;-)
Photo : Alexandra (à gauche) et Mariette (à droite). La bonne humeur est une constante naturelle à bord du Transsibérien. Source : Seb.
Cette fois, il faut vraiment aller dormir. Demain, nous profiterons de nos derniers instants en Russie, ensuite le voyage continue en Mongolie puis en Chine ! Que c'est grand un continent !!
Définitivement, je me sens bien dans ce train. Le calme est revenu, les kilomètres continuent de s'ajouter les uns aux autres. Allez, au dodo ! Surtout que Dany a eu la gentillesse de me re-prêter un oreiller. Que demande le peuple...
La nuit est longue, le réveil difficile. C'est qu'on dort bien dans ce train, à l'opposé des clichés que vous font craindre certaines descriptions ridicules. Exit les moustiques, puces ou autres bébètes. Draps propres, oreillers en vraie plume --un régal pour les amateurs dont je suis-- et couchettes d'une largeur très acceptable pour un train : franchement, je n'ai pas de critique à formuler, mais au contraire des compliments.
Photo : votre humble serviteur en pleine grasse matinée. La Mongolie est proche ! Source : Seb.
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