Un voyage aux Philippines

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Jour 4 : Puerto Princesa - Sabang

Ce n'est pas au moment de se lever qu'est le drame, mais au moment où on réalise que, bien qu'étant rapides et efficaces au démarrage le matin, il est quand même déjà 9h30 et que le bus part à 10h d'un endroit distant de 20 minutes en tricycle. Et bien sûr, là, on est encore à l'hôtel à régler la note et à récupérer le passeport d'Arnaud.

On s'avance donc un peu dans la rue, et on tombe rapidement sur un tricycle. A la question "how much", le conducteur nous répond "100". On avait espéré arranger ça, je tente une négo, mais c'est l'échec. Faut dire qu'on a peu de temps devant nous, et que du coup on n'a pas vraiment le choix.

C'est parti ! Le tricycle roule comme un dingo. Il se faufile entre les autres tricycles, les camions et les jeepneys surchargés. Il double à droite, à gauche, par le trottoir... La poussière est très présente sur ce trajet. Sans oublier qu'on n'a pas encore trouvé le truc pour bien se tenir dans le tricycle, et donc qu'on est encore de front tous les 2, dans le siège passager. On finira par se mettre en face à face, comme les philippins, c'est bien plus pratique. En fait, comme pour bien des choses, il faut observer comment font les autres !

olivier dans le busOn finit malgré tout par arriver à l'endroit prévu. Ce mélange étrange de zone de marché, de gare routière et de système à sens unique autour de bâtiments branlants à la destination incertaine est visiblement un standard puisqu'on le retrouvera plusieurs fois, comme à Roxas par exemple.

Le tricycle nous dépose donc devant un bus et nous l'indique comme étant celui pour Sabang. Il fait chaud. Le sol en terre battue est irrégulier et porte les marques de roues ayant labouré la terre par temps de pluie. Le bus est abrité sous une sorte de hangar sans côtés. Je m'approche et obtiens confirmation, c'est bien le bus pour Sabang. Un gars nous déleste de nos sacs et les envoie sur le toit. Sur le moment, je ne pense pas à entourer mon sac à dos de la superbe housse rouge imperméable dont il est doté (heureusement pour moi, il n'y aura pas de drame, car pas de pluie pendant ce trajet, haha avouez que vous aviez cru voir venir ce coup-là). Avec Arnaud, on s'installe au dernier rang, la place des cancres.

dans le bus pour SabangNe cherchez pas les fenêtres, il n'y en a pas. Et non, le toit du bus n'est pas retouché avec Photoshop, il y a réellement ces espèces d'ondulations vert pomme faites à la bombe... Le bus est maintenant plein. Nous avons pris les dernières places... mais ce serait une erreur de croire que personne ne va plus monter à bord ! Sans entrer dans le détail, nous allons au final être environ le double de ce qui est prévu. Certains seront sur le bord des banquettes, d'autres debout dans le couloir, d'autres encore carrément sur le toit. Le toit, pourtant, est déjà bien garni puisque chacun y stocke ses bagages, colis, objets divers et même la volaille. Arnaud et le pouletOui oui, vous avez bien lu, il y a des poulets ! Mais le bus sent surtout le mazout. Tout à coup, un philippiin monte dans la foule et commence à nous lire la bible (en tagalog, mais bon pas besoin d'être bien malin pour comprendre que c'est une bénédiction). Il prêche et prie avec les voyageurs pendant près de 20 minutes ! Puis il passe collecter parmi tout le bus pour sa mission.

premier arrêt du busLe bus partira finalement presque à l'heure, et à 10h45 on part en direction de Sabang. Mais à peine 200m plus loin, le bus s'arrête devant une pompe à essence. On se demanderait presque s'il va faire le plein, et à juste titre puisque... non !

L'arrêt semble surtout motivé par le besoin de charger d'autres colis, et d'autres voyageurs sur le toit. Pendant ce temps, tout comme avant d'ailleurs, des petits vendeurs ambulants passent autour du bus pour proposer leurs produits divers et (a)variés. C'est là qu'on entend la petite sonnette/clochette d'un vendeur de glaces à vélo. On en verra d'autres par la suite, et on finira même par découvrir la musique "officielle" du marchand de glaces Nestlé !

Le bus quitte finalement le New Market vers 11h, avec 32 personnes à l'intérieur + 1 chauffeur + 1 "responsable" + 4 passagers (au moins) sur le toit. Selon mon estimation, le bus est prévu à l'origine pour 25 places chauffeur inclus. Après avoir rattrapé la route bétonée, on roule comme des dingues (environ 30km/h mais sans les vitres et avec le bruit énorme du moteur et l'acre fumée noire qui s'en dégage, on dirait qu'on va décoller si le chauffeur tire sur le volant) et tout à coup, on entend des coups sur le toit. Le bus s'arrête. Arnaud repère un gars qui descend récupérer un bac en polistyrène tombé du toit... Tout est re-fixé et on repart.

décor sur la highway Puerto SabangOn constatera plus tard, et pendant tout le voyage, que pour faire arrêter le bus il suffit de taper deux coups bien fort sur la carcasse. Le paysage est magnifique : il fait beau, on traverse la jungle, la route tourne, tortille, monte avec des pentes à faire frémir (et à faire pleurer le moteur, à fond en première courte, qui peine à dépasser les escargots mais finit par avancer dans un concert de métal torturé et de relents d'huile de moteur). Le "décor" est vraiment suberbe : de la jungle luxuriante mêlée à des montagnes aux formes aussi improbables qu'extraordinaires : des falaises, des collines rondes, des rochers acérés, des petites rivières et des plaines à rizières, et au loin : la mer.

Waouh, c'est vraiment beau. On dirait une carte postale... mais... mais non, je ne rêve pas, c'est bien vrai tout ça : je n'en reviens pas tellement je trouve ça chouette. Impossible de mettre des mots sur cette impression de “je savais pas que ça existait en vrai un truc pareil, pourtant je l'ai déjà vu à la télé / en photo / dans Dragon Ball / je sais pas où mais en tout cas c'est bien là !”. Vous voyez ce que je veux dire ?

Voici quelques scènes à bord de ce bus bondé, et des panoramas et personnes qu'on a pu voir le long de ce trajet.

décor de rêveArnaud placide dans le bus pour Sabang

le bus dans un viragedécor magique aux Philippines

Palawan paysage très vert fillette dans le bus à Palawan

Repas de fortune

Midi est passé depuis quelques minutes, et le bus poussif souffre le martyre. Tout à coup, le chauffeur n'y tient plus, et il arrête son engin au bord de la route. Quelques bicoques ont visiblement l'habitude de cet arrêt. Pendant que le chauffeur file aux CR (Comfort Room, le terme philippin pour WC), une partie des voyageurs descend du bus pour s'approcher des quelques vendeurs présents. Il est temps d'acheter à boire et à manger. Le trajet dure en effet un peu plus de 2h, mais il fait notre bus pour aller à Sabangtrès chaud. On cherche encore comment le gars du Lonely Planet a pu avoir des problèmes avec la clim poussée (soi-disant) à fond, car on a eu beau vérifier, tous les bus le bus vu de facequ'on a croisés/vu/aperçu étaient du style du nôtre : plus âgé que nous, pas de fenêtres, pas de ventilation. Alors la clim... (et en même temps, c'est pas plus mal, ça m'a évité ces fameuses et adorables bronchites qu'on se prend dans ce genre de cas sinon).Ah si, une fois, un des bus avait la musique à fond. C'est que j'ai de plus "technlogique" à vous proposer, désolé j'ai pas mieux !

Hop, il est donc temps de faire une pause ! L'afflux massif et rapide de demoiselles et de vieilles piaillant pour vendre leur tambouille et leurs produits me rappelle furieusement les babouchki des quais lointains du Transsibérien. Sauf que là on ne nous vend pas de marojenas, mais on nous propose de la nourriture fraîche et visiblement apétissante. J'achète à une vieille un sandwich et une bouteille d'eau (15 le tout). Il y a peupiailleuses de touristes dans le bus, à part un italien. Encore une fois, je ressents la griserie de l'immersion ! Par chance au dernier rang, on a notre propre petite porte pour load na ditodescendre du bus !

Du coup, Arnaud en profite pour faire un petit tour et quelques photos. Le contraste des boutiques en bois toute déglinguées et (malheureusement) pauvres fait tout bizarre avec les pubs plastifiées et rutilantes pour le rhum Tanduay et les téléphones mobiles Smart et Globe : "Load Na Dito !!" disent en coeur toutes ces pubs. Achetez votre recharge de téléphone ici... Très étonnant et surtout déroutant pour moi, de voir qu'ici tout le monde a un portable, alors même que la plupart des gens que vous voyez ici n'ont pas l'eau courante, et encore moins l'électricité. Choc des cultures, choc technologique, je suppose.

Pendant le trajet, sur certaines sections, la route... n'est plus une route. Plus de revêtement bien sûr, mais juste un mélange indescriptible de fange, boue, graviers... Le bus ne s'arrête pas pour autant ! Le bus repart, et une bonne heure après nous arrivons à Sabang. Ce qui est amusant : le bus s'arrête, des gens descendent. Ayant vu le panneau "Sabang" je me demande si c'est là, mais bon, la plupart restent à bord, on va faire pareil. Le bus repart, fait (sans exagérer) 50 mètres, et s'arrête à nouveau. Cette fois ci, c'est le terminus, et tout le monde descend ! Le principe étant de payer à l'arrivée, on nous déleste donc de 200 chacun. L'italien aura beau nous expliquer qu'on s'est fait arnaquer, que le prix était de 120, pour cette fois je n'en ai pas été convaincu. En même temps, on va le voir, Sabang n'est qu'un repaire de touristes. Mais n'allons pas trop vite.

SabangPlage de Sabang

Nous sommes donc à Sabang. Enfin ! Malgré un temps légèrement couvert, la mer est là, derrière un écran de quelques palmiers, et on sent les embruns nous titiller les narines. Arnaud récupère son sac, moi aussi, jetés du jaut du camion bus (mais avec délicatesse). Nous sommes prêts. Le trajet n'a pris qu'à peine deux grosses heures, mais c'était assez fatiguant quand même. Et très agréable. Je suis donc dans ce genre d'état d'esprit où, vous voyez ce que je veux dire, on voudrait juste quelques instants de calme pour pouvoir "digérer" psychologiquement parlant tout ce qu'on vient de vivre, ce qu'on a sous les yeux.

Je fais quelques pas. Mais alors que je me croyais enfin tranquille à Sabang, c'est le drame (ou presque).

Lire la suite : le drame !


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