Un voyage aux Philippines

Retour page précédente

Jour 5 : Sabang

Castafiore Inc. Ltd.

Ah, mes chers lecteurs ! Vous pensiez avoir réussi à trouver un moment normal dans ce voyage. Un matin serein où le voyageur se réveille au sursaut de l'aube, frais et dispos, souriant et prêt à profiter de l'air marin, de la plage de sable fin et de ce petit on-ne-sait-quoi de bonheur indescriptible que fournit tout moment où l'on choisit de se lever, volontairement et sans aucune autre contrainte. Il est vrai que ce matin du jour 5, à Sabang, aurait pu être de ce genre.

Plus encore, rien n'avait été planifié ou prévu avec détail. Oh bien sûr il est prévu qu'on aille voir cette fameuse Mangrove, mais sans plus de précision. L'agression moutiquienne de la veille aurait pourtant dû nous avertir que ce ne serait pas si simple, la Jungle mérite sa majuscule de noblesse, mais n'allons pas trop vite ! Ce matin était donc propice à un lever "à discrétion".

Mais hélas, c'était sans compter sur les touristes (on reviendra plus tard sur le pourquoi, comme tous les touristes, tel Desproges qui expliquait que l'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui, vous voyez l'idée ? mais avouez que vous aussi vous avez pensé pareil au moins une fois pendant vos vacances) et les animaux. Les touristes donc, qui passent sur le chemin à quelques mètres de notre cottage et s'esbaudient s'égosillent hurlent, de bon matin, genre cor de chasse à pleine puissance :

“Oh my God, it's amazing! Beautiful! Look!!” (en anglais dans le texte)

La mégère en question qui tentait d'attirer l'attention du groupe de cloportes qui l'accompagnait montrait du doigt (oui, j'ai vu la fin de la scène par la fenêtre) un boeuf attelé qui prenait son temps sur le chemin. Rien de plus, rien de moins. Autant, j'admets qu'il est assez insolite d'imaginer la même scène sur le périph, autant là en pleine nature, au fin fond des Philippines, dans une zone où les habitants vivent de l'élevage (celui des animaux ou celui des touristes), oui c'est pas inintéressant mais pas au point d'y laisser sa voix. La Castafiore n'aurait pas démérité, mais là le ton de crécelle fielleuse dépassait l'entendement. Heureusement pour mon co-voyageur Arnaud, il s'était muni de bouchons d'oreille, craignant mes ronflements. La loi de Murphy prétend d'ailleurs, à ce sujet, que "ce sont toujours les ronfleurs qui s'endorment en premier". J'en déduis que soit Arnaud ne ronfle pas, soit je m'endors avant lui.

Bon, bin maintenant qu'on est réveillés (Arnaud a réagi au mouvement que j'ai fait pour observer la greluche, pas au son qu'elle a émis), on se débarbouille vite fait et Arnaud prend la direction de la plage. Pendant ce temps, je file chez la taulière. Il est 9h30.

Le chien maudit

J'aborde la maison de notre hôtesse sereinement, quand tout à coup j'entends l'hymne caractéristique des membres de la race canine : un jappement. Si vous m'avez suivi dans mes précédents épisodes, vous savez que ce n'est pas le requin ou le coyotte que je crains, mais le clebs. J'aime pas les clebs. Sans raison, mais bon c'est comme ça, chacun son truc. Pas une terreur à hurler hein, de toute façon la connasse de ce matin l'a déjà fait pour moi, mais juste une vieille anxiété à la découverte de cette bestiole pourtant fort sympathique en apparence, qui s'approche, la queue remuante et le regard joyeux. Je m'arrête à l'entrée et j'attends qu'un habitant de la maison réagisse au "hello" que je viens de lancer.

Un homme sort par la droite de la maison, et la taulière par la gauche. Vous avez remarqué que j'utilise le mot "taulière", c'est à dessein : on l'a utilisé tout le long du voyage, pour chacun des hôtes et hôtesses qui nous hébergeait, sans distinctions d'âge, de catégorie sociale ou de couleur des ongles. La demoiselle de cette fois est assez jeune, et elle s'approche. Je lui explique mon objectif du jour : j'ai une de mes sandales qui a craqué, je cherche donc un shoe repair. Elle m'explique alors qu'elle va le faire, mais si mais si, bon d'accord si vous voulez merci c'est gentil.

Un cochon à SabangEt je rejoins Arnaud à la plage. Pour aller à la plage, il suffit de traverser la mangrove. A cette heure, grâce à la marée, elle est assez basse. La mangrove, pour ceux qui découvrent le concept, c'est un bras de rivière qui arrive dans la mer, mais c'est tellement plat que les eaux se mélangent un peu, que le courant est quasi-nul et qu'on ne sait pas vraiment où est la limite rivière-mer. Si on rentre un peu dans les terres, la végétation luxuriante de la Jungle va jusqu'à avancer littéralement sur l'eau, on n'arrive donc pas clairement à distinguer les berges non plus. Dans la Mangrove, on peut trouver toutes sortes d'animaux, oiseaux, bestioles rampantes ou nageantes, volantes... Mais rien de dangereux à l'horizon, je traverse.

Au niveau du passage, il y a quelques bateaux en réparation, l'eau monte grosso-modo jusqu'au au niveau des genoux. Ensuite, on rejoint une superbe plage qui doit faire dans les 500m de long, sable fin et décor de carte postale. Arnaud est déjà en train de nager dans la mer. Je prends un petit moment pour faire quelques mouvements (j'ai découvert il y a peu le Qi-Gong et c'est bien sympa de pratiquer dans ce genre d'endroits). Il n'y a que nous. C'est chouette les vacances !

On s'en paye une bonne tranche. C'est vraiment chouette !

On retourne au Cottage, on se change, et on se dirige vers la Mangrove, à peine plus loin sur le chemin, là où la taulière nous a indiqué un bâtiment pour touristes. Je suppose que c'est de là que partent des petits bateaux pour faire un tour sur la susnommée Mangrove, ça tombe bien c'est notre projet du matin. Let's go !

Mangrove tour... with real moskitos inside -live!

Balade sur la MangroveA quelques dizaines de mètres à peine de notre cottage, la "route" (en terre batue, là où ce matin une maniaque hytérique s'égosillait devant un boeuf) se termine et on trouve là un bâtiment et une sorte d'abri en bois. Et une petite grappe de philippins, qui nous demandent si on est venus pour faire un tour sur la mangrove. On serait bien allés cueillir des fraises, mais puisqu'on est là, on paye nos 300, on signe le registre, et on embarque à bord d'une bangka à rame. Comme ça au moins, pas de risque de panne moteur. Le jeune philippin qui nous guide nous explique d'ailleurs dès le départ qu'il faudra être silencieux, pour entendre la faune et pouvoir l'observer. Nous sommes donc partis à contre-courant (expression bien délicate tant il semble difficile de déterminer le sens du courant autrement que par déduction de la position de la mer). La bangka file sur l'eau sans un bruit : voir la vidéo ci-dessous.

Vidéo des Philippines (Palawan)

Comme le disait un certain chanteur (dont je vous laisse le soin de retrouver le nom), "even tall trees bend". Et bien là aussi : les arbres penchent, se courbent, du haut comme du bas. La limite entre la Mangrove et la Jungle est difficile à déterminer avec précision. La végétation empiète sur les deux, et la plupart des plantes, arbres, arbustes ont de grands troncs et de multiples racines, où là aussi il est difficile d'être sûr de soi quant à la détermination des limites : les photos ci-dessous vous laisseront découvrir en images cette balade sur la Mangrove. J'ai peu de photos de faune, mais on a vu de nombreuses bestioles, des petites larves aux crabes en passant par les serpents perchés dans les arbres juste au-dessus de nous (nombreux, pas juste un seul), des sortes de gros lézards, un singe, etc. Cette balade est très agréable et vraiment immersive pour ce qui est de la "non-plage".

Balade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la MangroveBalade sur la Mangrove

Comme vous le constatez, l'eau est particulièrement boueuse et trouble. La végétation luxuriante se compose Balade sur la Mangroveprincipalement d'arbres à feuilles assez hauts et de buissons, le sol est en terre noire qui ressemble à de la glaise (quand on voit le sol !) et l'ambiance sonore est très variée : on passe du silence à une nuée de cris de toutes sortes d'animaux, parfaitement indifférentiables pour l'européen moyen. On m'aurait transporté là et dit que j'étais en Amazonie, j'y aurais cru. La Mangrove est large d'environ 20 à 30 mètres selon les endroits. D'après ce que j'ai cru comprendre, cette balade en barque est assez récente et a pour l'instant peu de succès face à la célèbrissime Rivière Souterraine. A titre personnel, j'ai aimé les deux, et je les recommande les deux.

Je recommande aussi chaudement l'usage intensif de répulsif anti-moustiques, préalablement à la visite de la mangrove. Je dis ça, c'est pour vous, hein... Pour ma part, je n'ai pas subi d'impact pendant la durée de cette visite gérée par la "Mangrove Paddle Boat Tour Guide Association Inc." (mais si, c'est le vrai nom de ce truc !!)

Mais bon, c'est pas tout, car à Sabang il y a une autre "chose à voir" : une cascade. Elle est indiquée sur les quelques documents touristiques que j'ai consulté, j'ai vu un petit panneau qui la mentionne (comme par hasard, juste au niveau de l'arrêt du bus, pas bête hein !) et bien sûr ce cher Lonely Planet en parle. Une fois encore, vous allez voir pourquoi j'ai vraiment des doutes sur la visite réelle sur place du gars qui a rédigé ça !

En route pour la Cascade !

Déjà ? Meunon, il y a mieux à faire avant ça : le fameux et célèbrissime Monkey Trail !Vue de la baie depuis le Monkey Trail

Trek sur le Monkey Trail

Après tout, on a largement le temps. Alors, on se dirige sur la plage après la mangrove (si vous avez bien lu, c'est donc celle où on s'est baignés ce matin). Le Monkey Trail commence au bout de cette plage. Un petit panneau l'indique, et on le voit Début du Monkey Trailfacilement (un joli escalier de bois presque tout neuf qui part dans la jungle, c'est pas anodin). Le principe de ce Monkey Trail, c'est d'être un sentier entre Sabang et la Underground River, via la jungle et les collines. Il y a aussi un autre trail, mais je n'ai pas réussi à savoir où il commence et se sépare le second du premier, et d'ailleurs ça a peu d'intérêt car c'est le même programme dans les deux cas : balade aménagée en jungle, espoir de voir des singes.

D'ailleurs, on a vu des singes. Des vrais. Ouais, comme au zoo, mais en vrai. Si si ! Je le dis comme ça, mais j'ai vraiment trouvé ça chouette. Je n'en avais jamais vu des "vrais" avant ! Ils sembleArnaud sur le monkey trailnt habitués à voir ces bêtas de touristes restant bien sagement sur le trail. Ils n'ont pas peur. Le trail commence donc au bout de la plage, au niveau de quelques rochers noirs bien déchiquetés. On mSinge sur le monkey trailonte rapidement sur la colline, en pleine forêt-jungle. Le sentier est parfaitement balisé, délimité, et pour ainsi dire pavé. On sent que c'est vraiment plus pour les touristes que pour un usage autochtone quelconque.

Mais tout à coup, on voit un mouvement furtif... Oui, ce sont bien des petits singes ! Ils font la taille d'un chat, sont gris et se promènent avec vivacité et une mangue à la main (ou presque). C'est un spectacle très chouette, qui vaut le détour !

Continuant le chemin (qui redescend aussitôt la colline passée), on arrive davant trois gardiens du parc qui nous expliquent qu'il faudra rebrousser chemin. Il faut dire qu'il est 15h15, et que donc il faut rentrer avant la nuit. Ah bin oui, la nuit c'est dans 2h45, faut qu'on s'y metLe monkey trailte, hein, ça nous a bien pris 20 minutes pour arriver ici. On promet, on continue un bout de chemin, et après avoir re-monté puis commencé à re-descendre la colline suivante, on fait demi-tour pour ne pas se faire pourrir par les "autorités". Moralité : faire le trail le matin est une meilleure idée.

Tiens, d'ailleurs je réalise qu'il y a un détail que je n'ai pas cité, tant il est devenu banal au cours de ce voyage : c'est la registrationnite aigüe. Je m'explique : où que vous alliez, où que vous passiez, pour quelque raison que ce soit, on vous fera remplir et signer un registre. Pour monter à bord d'un bateau : signez le registre s'il vous plait (avec nom, âge et nationalité... des fois que ça coule, qu'on sache dans quelle langue vous chercher en mer ?) Pour traverser un temple bouddhiste (en allant à la cascade, voir plus loin). Pour loger dans un cottage. Etc. Partout, c'est la registrationnite. Mais comme personne ne demande la moindre pièce d'identité, Tom Sawyer et Jacques Chirack ont visité plein d'endroits des Philippines ;-) mais je tiens à préciser qu'Arnaud a été sérieux et a toujours mis son vrai nom. Heureusement qu'il y en a un qui rattrape le niveau !

Le Villa Verde

Les jus de fruits du Villa Verde

Pour aller à la cascade depuis la Mangrove, il faut retraverser la totalité du bled, en longeant la mer. On repasse donc devant les différents cottages majestueux et autres hôtels touristiques. En passant devant le Villa Verde (qui fait d'ailleurs restaurant), on s'arrête pour boire un coup. Bin oui, il fait soif ! Le petit pot de fleurs en papier kitsch ajoute au plaisir de cet arrêt buccolique. Hein ? J'en fais trop ? OK.

Les plus attentifs constateront avec perspicacité qu'Arnaud fume encore et toujours des espèces de cigarettes locales abominables. Et, afin de garder une véritable discrétion sur ce qui s'est passé aux Philippines, je ne dirai pas à quel point c'était de la camelotte, vu qu'il n'a pas du tout souffert des conséquences de ces produits. Ou de la quantité. En fait on n'en sait rien, mais bon...

Bord de mer à Sabang Olivier à la Villa Verde Arnaud à la Villa Verde Pure vue à la Villa Verde

Après avoir bu un jus de mangue (ah non désolé on n'en a plus), un jus d'ananas (ah non désolé on n'en a plus), un coca (ah oui tiens il en reste, mais tiède alors), on achète une bouteille d'eau à la micro-boutique d'à côté (25 les 0.5L, là c'est cher par rapport à ce qu'on peut payer dans d'autres boutiques, vu qu'on en trouvera à 12 à peine plus loin, mais cette boutique là c'est juste à côté des trucs à touristes alors bon...) bref on prend donc le chemin qui longe la mer vers le Sud.

En route pour la cascade ! (bis)

Ledit chemin longe le cimetière, puis traverse un ou deux petits ensembles touristiques dont un temple bouddhiste (remplissez le registre s'il vous plaît), puis c'est une plage de gros galets qui commence. Pendant 25-30 minutes, il s'ensuit une marche assez désagréable sur ces gros cailloux arrondis ou instables. A l'arrivée à la cascade, on est donc forcément déçus, car elle est clairement quelconque. Mon avis : ne vaut pas le détour. Mais à vous de juger, voyez donc les photos :

Cascade Sabang Cascade Sabang Cascade Sabang

On s'en retourne ensuite assez rapidement à Sabang, la nuit va tomber d'ici une heure et il est donc temps de rentrer.Fin de journée à SabangArnaud change ses chaussures devant le cimetière

On est galvanisés. On a vu plein de choses, on a passé une super journée. Et ce soir, nous allons manger chez la taulière. Prêts ?

Lire la suite : jour 5, dîner chez l'habitant !


Voyages sans avion | voyage aux Philippines | Contact | La boutique insolite (cadeaux originaux)

©2004-2015 Sans-avion.net