Le bon fromage de chèvre et la rhodochrosite
Salta, c’était bien, mais le temps passe alors on prend le bus et on fonce jusqu’à Cafayate (prononcez : Cafachaté), un peu plus au Sud. Cette petite ville touristique est connue pour ses vignobles d’altitude : on est sur un plateau à 2000 mètres, et ici pousse un cépage rare dont on fait du « vin d’altitude ». Il fait néanmoins une chaleur éprouvante, donc on ne sort de l’auberge qu’en fin d’après-midi !
La ville est littéralement envahie de brassées d’occidentaux qui se déversent par cars entiers dans le centre et qui hantent les rues en quête de bodegas pour déguster le fameux vin du coin. De notre côté on a fait plus simple : j’ai demandé à des locaux où ils achetaient leur vin, ils vont tout simplement dans le petit épicier du coin, loin des touristes, et on a fait pareil. Bilan : la bouteille passe de 140 Pesos à 50 Pesos, pour le même produit… Ah ah ah !
Chèvre !
Non loin d’ici, une petite chèvrerie n’est pas annoncée sur les guides touristique, allons-y quand même pour voir ! On nous propose bien sûr une sympathique dégustation, accompagnée de leur vin (ils produisent un peu, comme tout le monde ici).
Pour s’y rendre, il faut marcher une grosse demi-heure en plein soleil, du coup ils n’ont pas beaucoup de clients. Pourtant, le long du chemin, le paysage est superbe : cactus en fruits, vignes et les Andes en arrière-plan… Bien sûr, on peut aller regarder les gentilles chèvres qui sont à l’origine de cette dégustation. Les fromages sont également proposés en version aux herbes. Un régal !
Ils font en particulier un fromage au basilic qui est une vraie réussite. Miam !
On achètera du coup deux beaux morceaux qu’on mangera le long du prochain trajet. En allant chercher de la rhodochrosite !
La rhodoquoi ?
La rhodochrosite, c’est la pierre nationale d’Argentine. J’ai repéré une mine abandonnée à un peu plus de 100 km à vol d’oiseau (6 h de voiture via les pistes, hélas), je cherche un gars pour m’y emmener et y trouver de la rhodochrosite. L’endroit est absolument paumé, il n’y a pas d’hôtel bien entendu, mais pas non plus de bus pour y aller, pas même un numéro de téléphone pour contacter la municipalité. Le gars que j’ai trouvé pour nous y emmener propose une expédition en deux jours : ça évitera de chercher des minéraux en plein soleil à 4000 mètres d’altitude. Bref, tout est prêt, sauf qu’au moment de confirmer, c’est le drame.
Le drame, c’est que Chrystel et Chloé ont mal au ventre. Indigestion de grillades ? Coup de chaud ? On ne saura pas vraiment, mais du coup le projet est annulé faute de combattants : je me voyais mal y aller tout seul avec les filles à l’agonie restant à l’auberge.
Tant pis pour la rhodochrosite !
Mais du coup, je prépare l’expédition suivante avec encore plus de précision : nous voulons rejoindre La Rioja, une ville plus au sud (rien à voir avec le vin espagnol Rioja), d’où nous irons visiter le parc national de Talampaya, un endroit dont on nous dit qu’il est magnifique, désertique, avec plein de rochers rouges. Bref, un mix entre ce qu’on a déjà vu aux USA avec Seb en 2008 (Brice Canyon, Antelope Canyon, Arches et d’autres) ou en Australie et en Bolivie plus récemment.
Mais on apprend entre-temps que le parc a beau être un parc national, le gouvernement a donné une concession-monopole d’exploitation à une société privée. Laquelle fixe des tarifs prohibitifs, même pour des occidentaux. Et donc, on va laisser tomber ça aussi ! Pas grave, j’ai prévu le clou de la visite de l’Argentine encore plus au Sud, à Mendoza. Mais pour ça, il faudra faire du bus, beaucoup de bus !
Road trip en Argentine : en bus !
On va battre tous nos records précédents dans ce road trip. Voici les chiffres sans plus attendre : notre bus part de Cafayate pour rejoindre le bourg de Santa Maria, puis de là nous prenons un autre bus pour San Fernando de Catamarca, où nous aurons une correspondance pour un troisième bus qui ira jusqu’à La Rioja, où enfin un dernier bus nous emmènera à Mendoza. Bilan total : 4 bus, 3 correspondances (épiques, voir la suite), 48 heures de trajet. Gloups, ça pique !
Détails croustillants de cette aventure
Arrivés à Santa Maria, il faut acheter le billet du bus suivant. Non, on ne peut pas les acheter par Internet, ni depuis la ville précédente, ça marche comme ça. Le guichet ne prend pas la carte bancaire, je vais donc à l’unique distributeur de la ville… Qui est en panne. Une file d’attente d’une vingtaine de personnes reste là, je retourne donc à la file. Mais quand c’est mon tour, le distributeur re-fonctionne, mais limite mon retrait à 3000 Pesos, or il m’en faut plus du double pour la suite du voyage, sans compter qu’il faut qu’on mange. Tant pis, retour à la gare routière, et on va en face dans un resto pour manger. Là, je demande au gars s’il prend la carte (devinez ! bien sûr que non), je lui demande alors s’il peut m’emmener à un distributeur.
Même pas étonné, il me répond « oui bien sûr », et démarre sa moto. Ah, vous voulez savoir pour le casque ? Le quoi ?? Bien sûr il n’y en a pas, mais le gars roule très prudemment, doucement, calmement. C’est déjà ça !On traverse la ville pour retourner au même distributeur : je vous avais bien dit qu’il n’y en avait qu’un. Heureusement, j’ai apporté trois autres cartes ! Du coup, je retire tout ce qu’il faut, retour au resto…
Où nous sommes les seuls clients de la soirée ! Mais comme il y a un wifi dans le resto, les filles sont radieuses 😉
J’en profite pour parler des distributeurs en Argentine pour vous prévenir quand vous y irez. Peut-être que ça va changer, mais pour l’instant les distributeurs sont capricieux. Déjà, tous vous prennent des « frais d’ATM » qui s’ajoutent aux (éventuels) frais que facture votre propre banque. Il faut donc aller à « Banco de la Nation Argentina » qui prend environ 110 Pesos de frais seulement au lieu des 200 à 300 qu’on trouve dans les autres. Ensuite, quand le distributeur ne veut pas, attendre un bon quart d’heure et réessayer, souvent ça fonctionne. La plupart du temps les messages d’erreur quand il refusent sont totalement bidon (ah, les banques et la transparence, quelle belle blague mais ça leur laisse de la marge de progression facile en relation clients). Ajoutez à ça qu’il y a deux réseaux de distributeurs en Argentine : Banelco et Link. Rien à voir avec le fait qu’une Visa ou une Mastercard passera ou pas, c’est la loterie. Mais en général une carte qui bloque dans un Link passera chez Banelco et vice versa…
Au total, on a perdu en frais d’ATM plus en Argentine que dans tous les autres pays de notre voyage réunis. Sans parler du temps perdu ! Une fois de plus, on ne félicite pas les banquiers.
Enfin, tout ça pour dire qu’on peut enfin payer nos billets, donc prendre le prochain bus. Qui nous emmène à toute blinde à travers le désert, de nuit, jusqu’à San Fernando.
A l’arrivée, on est passablement crevés mais il faut à nouveau arpenter le terminal de bus, demander les horaires et les tarifs à chaque guichet (chacun répondant que son bus est le prochain qui part, mais bien sûr !), acheter les billets, charger les bagages, payer un bourboire au gars qui pose les étiquettes sur les bagages, monter dans le bus, négocier une place déjà prise, et enfin pouvoir pseudo-dormir un peu jusqu’au prochain arrêt.
Dans le terminal de bus (la gare routière en bon français), il n’est pas rare de voir passer un ancien avec des thermos de café tout autour du ventre, des gobelets à la main, et un sac de petites brioches dans l’autre main. Il propose, à des tarifs qui font pâlir d’envie tous les clients, du café (avec ou sans lait) et une brioche.
Quand on est dans un terminal de bus en pleine nuit, c’est compréhensible, il fait recette. Ordre de prix constaté : le café brûlant (et bon, d’après Chrystel qui est difficile en café) et sa brioche : 10 Pesos (~0,40€). Pour ma part, je suis prêt à payer 10 Pesos juste pour la brioche 🙂
Extrait vidéo filmé depuis l’avant du bus : eh oui, la route n’est pas parfaite !
Allez, je retourne me coucher, ce trajet nous a épuisés. Demain, je vous raconterai Mendoza, et surtout comment on a réussi à aller visiter des endroits de façon totalement exclusive !
One thought on “Le bon fromage de chèvre et la rhodochrosite”
Donner le reste des feuilles de coca à la chèvre, c’était pas cool ! (mais ça nous fait bien marrer)
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