Le transsibérien, ce fameux train mythique qui part de Moscou pour rejoindre la Sibérie et ensuite Vladivostok, passe forcément par l’Oural. Vous vous souvenez de l’Oural ? C’est cette chaîne de montagnes (plutôt un très joli ensemble de grosses collines, en fait) qui sépare l’Europe et l’Asie ?
Bref, nous avons donc pris le transsibérien à Moscou… Le départ s’est fait à la gare de Yaroslav. Il est intéressant à noter que Moscou, comme la plupart des capitales, a plusieurs grandes gares. Mais peu peuvent se vanter d’avoir trois gares sur la même place ! Ici c’était le cas.

Comment faire pour prendre le train en Russie me direz-vous ? Eh bien comme dans tous les pays. Vous achetez votre billet sur le site Internet, et vous vous présentez à la gare avec un peu d’avance. Ensuite, vous trouvez votre quai, et vous montez… Ah non, attendez : contrôle des passeports à la montée ! Du coup, pas de resquille possible ! Mais bon, une fois bien installés à bord, on reviendra vérifier vos billets, à tout hasard ! 😉

Et ensuite, chacun s’installe comme chez soi. Il faut dire qu’on a 28 heures de train devant nous ! Les filles sont à 4 dans un compartiment, je suis dans le suivant. Dans le mien, il y a une petite fille qui s’appelle Iliéna, et sa mamie Svetlana, et un homme dont je n’ai pas noté le nom, mais qui a deux qualités remarquables : primo il ronfle peut être aussi bien que moi, et secundo quand il est bien saoûl le soir, il raconte à plein volume ses souvenirs de Stalingrad (enfin, ceux de son père, qui y a perdu un oeil, mais chuuut la petite dort, oui oui, mais n’empêche que les Allemands, chuuuut, l’oeil droit qu’il a perdu mon père à la guerre, chuuuttt), enfin heureusement au bout d’un moment il part faire pipi et donc je fais semblant de dormir, sur le côté, face au mur, ça ne l’empêche pas de me secouer : « Olivier ! Olivier ! ton nom est une salade* ! ah ah ! Et la guerre, les Allemands, Stalingrad… » enfin il finit par être mon meilleur ami et aller ailleurs (je crois qu’il a été évacué par la provodnista, je n’ai pas trop regardé, je ne l’ai pas revu le lendemain). Mais un gars super sympa malgré la vodka, car un honnête homme, sincère. Pendant ce temps, dans le compartiment d’à côté, ça joue à la DS.

(*) on reparlera de la salade Olivier plus loin…

Alors le principe c’est qu’il y a plein d’arrêts le long du trajet, et quand l’arrêt dure plus de 2 minutes, on descend sur le quai et on y achète une glace à Audrey (parce que les deux grandes préfèrent rester jouer dans le compartiment).

Alors je ne sais pas si c’est les longs hivers ou les grandes chaleurs de l’été, mais les glaces ici sont vraiment bonnes et pas très chères : tarif moyen sur le quai environ 50 roubles (0,80€). Sur chaque quai on trouve toujours un ou plusieurs vendeurs. Pour la majorité du trajet il a fait très chaud et très beau, sauf pour un arrêt à la gare de Yaroslav, où il venait de pleuvoir. Mais à l’arrêt suivant, débauche totale sur le quai : tout le village doit s’être décidé devenir vendeur. On y trouve des vendeurs de boissons et de petits pains (pirojki), mais aussi des gâteaux, des glaces, des tomates, des fruits, des fraises des bois, ET DES PELUCHES en masse !

Le train continue donc ainsi tout son trajet, dodo à bord bien sûr comme je le disais plus haut, petit déjeuner et déjeuner à bord dans notre compartiment avec les provisions achetées sur le quai au fur et à mesure, et aussi apportées par le gars du wagon-restaurant car en fait on avait un repas inclus sous forme de lunch-box servi au compartiment. Et puis, bien sûr, les filles doivent un peu travailler : on révise les nombres relatifs avec Chloé, pendant ce temps Eve travaille sur un sujet de français du brevet 2017, et Audrey révise l’Anglais. C’est semi-studieux. Mais voici une gare, hop on descend se ravitailler !

C’était la dernière avant notre destination. La plupart des touristes qui prennent le transsibérien font Moscou-Ekaterinbourg. On ira à Ekaterinburg, la capitale de l’Oural ! Mais là, on va quitter le train après Perm, en gare de Kungur. Où donc ? Oui, vous avez bien lu Kungur. C’est une petite localité d’à peine 10 000 habitants. Là, on retrouve Alexander qui sera notre guide pour aller rejoindre Molëbka (prononcez « ma-liob-ka »), le coeur de la M-Zone. Mais la route promet d’être particulièrement technique. Nous avons pour aller sur place deux véhicules (on les appellera taxi pour le fun, en fait c’est des voitures normales mais on paye le chauffeur donc ça revient au même sans le luminion et sans le compteur). Notre chauffeur est particulièrement peu motivé à la discussion, il met sa musique et n’ouvre pas un mot sur tout le trajet. Au début, la route est encore avec de l’enrobé, mais rapidement c’est une large route gravillonnée… sur laquelle on fonce à un bon 100 km/h sans sourciller… Et nous arrivons enfin à destination ! Une statue d’extra-terrestre façon Roswell marque l’entrée dans la M-Zone.

 

Mais il reste encore un peu de chemin jusqu’à la maison de notre hôte, Valéri. Nous reprenons donc la route. Cette fois, le chauffeur ralentit un peu, il faut dire que la route se transforme en piste boueuse et caillouteuse. L’ancien pont ayant été emporté par la neige, on passe la rivière sur un nouveau en bois… Pas forcément plus solide que l’ancien, mais avec les passages nombreux, il est couvert d’une jolie couche de boue bien glissante ! Allez, un petit 60 km/h ça le fait ! Il n’a pas froid aux yeux Youri !

Et voilà nous sommes arrivés ! Valeri n’est pas là car il est en forêt avec quelques autres personnes, et en l’attendant on nous sert un copieux repas. En Russie, tout le monde mange, souvent, beaucoup. Vraiment beaucoup. Vous me connaissez, vous savez que j’ai un bon coup de fourchette, mais là je me suis frotté à plus fort que moi ! Alexander est là avec sa fille Nichole. Elle a 11 ans et parle un anglais remarquable, mais elle connaît aussi du français et en particulier des poèmes qu’elle nous récite volontiers. Prenez des notes, les gars, prenez des notes !!

On nous donne une grande chambre-dortoir pour nous cinq. Toute la maison est entièrement en bois. Bien sûr il fait chaud, mais pour l’hiver un gros poêle à bois est là prêt à servir. Alors puisqu’on parle de chauffage, je vous raconterai le bania, c’est un peu comme un sauna finlandais mais en mieux. Et il y a aussi la version tonneau individuel. On n’a pas résité, dès l’arrivée et alors qu’il est minuit passé, on fonce se faire cuire ! Il fait tellement chaud que les gouttes de la transpiration qui coule le long des bras vous brûlent les jambes en tombant !

En plein hiver bien sûr, ils foncent se rouler dans la neige, mais en plein été une douche suffit 🙂

Il est maintenant temps d’aller se coucher et dormir. Car demain nous partons en expédition dans la M-Zone. Nous habitons maintenant dans un village quasiment abandonné.

Bienvenue en Oural !