TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
En route vers le lac Baïkal, Merveille du Monde
Je n'ai jamais vu l'Egypte et ses pyramides et je parle donc selon mes critères personnels, mais selon moi le Baïkal mérite le titre de Merveille du Monde. La seule chose qui fait que ce n'est pas une mer, c'est qu'il n'est pas salé. Volume d'eau claire en faisant le plus grand réservoir de la planète*, dimensions impressionnantes (plusieurs centaines de kilomètres de long), profondeur atteignant les 1 637m, nombreuses espèces animales uniques au monde... En partant d'Irkoutsk, j'étais franchement impatient de découvrir ce lac monumental surnommé la perle de Sibérie.
(*) en volume, pas en surface. Volume estimé : 23 000 km3. Voir cette page pour quelques détails. Les géologues disent qu'il s'agrandit et que dans longtemps il rejoindra l'océan glacial. Mais bon, "longtemps" pour les géologues, ça veut dire un nombre d'années à 6 ou 7 zéros... Patience !
Sur la route, notre chauffeur nous passe des clips vidéo. Le temps est gris. La route est une longue ligne droite, qui monte et qui descend. Les fameuses montagnes russes ? On traverse une forêt. Les 50km semblent durer des heures, et puis soudain, le voici :
Le rocher
Non monsieur, je ne vous parle pas de Monaco ! La route longe l'Angara, qui s'élargit jusqu'à devenir le Baïkal. La limite est désignée par un petit rocher sombre qui dépasse à la surface : le "rocher du Shaman". Les bouriates sont chamanistes, et nous sommes en région semi-autonome de Bouriatie. Le chamanisme consiste, grosso modo, en un ensemble de croyances dans les esprits : esprits de la Terre, des ancêtres, du soleil, de la forêt, etc. Le chaman est celui qui peut servir d'intermédiaire entre les esprits et les croyants. On ne peut devenir chaman que de lignée chaman.
Un petit parking et une boutique à touristes sont prévus au niveau du rocher. On s'arrête pour prendre une photo, et observer avec curiosité des Sibériens qui font fumer du poisson sur une sorte de barbecue à charbon. C'est de l'Omoul, une espèce qui n'existe que dans le Baïkal, et qui est un véritable délice. Mais là, le prix demandé est trop élevé (à mon goût) et je décline l'offre. Seb en profite pour me prendre en photo devant leur auto d'un vert exquis.
Photo : la voiture verte, et à gauche d'elle le système pour fumer l'omoul. Source : Seb.
Le lac
Je ne sais pas si on peut décrire avec des mots ce que j'ai ressenti en le voyant. Pourtant, il ne faisait pas très beau, mais le Baïkal n'a pas volé tous les qualificatifs qu'on trouve dans les guides de voyage. Il mérite à lui seul, non pas le détour, mais le voyage. Je vous laisse le découvrir en images. Régalez-vous. Vous allez enfin avoir un fond d'écran digne de ce nom ;-)
ЛИСТВЯНКА (Listvianka) : latitude 51°86 Nord , Longitude 104°86 Est
Ce soir, nous dormons dans un chouette hôtel en rondins, qui me rappelle l'auberge Sakakomie (un truc pour gros riches au Québec). Mélange étrange de modernité et de traditionnalisme. Nous sommes à ЛИСТВЯНКА, petit village côtier, au bout de la route : après, il n'y a plus de route. Pour continuer, il faut prendre le bateau, ou passer par un autre chemin.
Photo : la chambre de l'hôtel, toute en rondins. Observez avec horreur les caches électriques et le délicieux plafonnier. Franchement, j'aurais préféré dormir chez l'habitant ! Source : Seb.
J'avais prévu de me baigner dans le Baïkal, bien que sa température ne soit pas très élevée (dans les 15°C fin août, au plus chaud, et uniquement en surface), mais la météo m'a passé l'envie. Quand je retournerai, j'espère avoir un rayon de soleil pour pouvoir tenter cette expérience unique.
L'hôtel est d'un luxe indécent, pour un prix extrêmement modeste. On y trouve même une connexion Internet à haut débit ! Voici une vue satellite de la région : on voit bien l'Angara, seul cours d'eau qui sort du Baïkal, et qui remonte vers Irkoutsk. Source : Google Earth.
Siberian Nights
Après avoir goûté aux joies du caviar, de la crème fraîche et des frambroises, nous improvisons en pleine nuit un petit jogging. Un peu en contrebas de l'hôtel, en plein village, nous trouvons un "magazin"; malgré l'heure avancée, il est ouvert. Nous entrons, et achetons une bouteille de vodka. Après quelques tentatives infructueuses, la sibérienne qui tient la boutique comprend que nous souhaitons aquérir du caviar; malheureusement, elle n'en a plus --ce n'est que partie remise. Elle rigole en nous voyant repartir dans la nuit avec notre bouteille. Ah, ces touristes...
Ce qui est amusant, c'est que cette bouteille de vodka est de la БАЙКАЛЬСКАЯ (Baïkalskaya), distillée à l'eau du Baïkal.On fait le point : c'est qu'on commence à avoir pas mal de vodka, et que la frontière Mongole approche. La douane, réputée stricte, ne nous laissera probablement pas tout passer, et je ne connais pas les tolérances douanières dans ces contrées. Une seule solution pour éviter le goulag : il va falloir tout boire !
Comment ça, on cherchait un prétexte ? Bon, si vous le dites...
Photo : la Baïkalskaya est la petite bouteille à l'étiquette bleue. Comme toutes les vodkas de Russie, 40°. Source : Seb.
Anecdote : la porte de la salle de bains utilise un système de poignées à l'américaine : vous savez, un bouton rond avec un petit truc au milieu pour verrouiller. Seb, qui pourtant n'avait encore rien bu, n'arrive pas à ouvrir la porte et grogne pendant une bonne minute pour trouver le moyen de ressortir. Puis, on rigole avec cette poignée, et on manipule avec attention le système de fermeture. Et Seb claque a la porte... qui était en position "fermée". Nous voilà privés de salle de bains ! Heureusement, la réceptionniste de l'hôtel parle un anglais parfait, ce qui facilite mes explications... Elle nous prête main forte, et crochète la fermeture avec un morceau de fil de fer. Moralité : il ne faut pas claquer les portes ;-)
A suivre... Demain : croisière sur le Baïkal !
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