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TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN

 

Moscou, acte II.

Après une nuit à l'hôtel Ukrainia, nous partons à la conquête des environs de Moscou, en l'occurence le monastère fortifié de la Trinité de Saint Serge, à une heure de route environ.

Le monastère m'a impressionné par le nombre de religieux, en particulier des jeunes, mais aussi par la foule de pélerins russes venant se recueillir. La foi est très présente ici. Conséquence de décennies de répression ? Je n'en suis pas certain, mais c'est une hypothèse crédible.

Photos : le monastère Saint Serge. Source : Dany. Cliquez sur les miniatures pour agrandir.

 

Le gros malin

En tout cas, plus crédible qu'un touriste français dont je vais vous parler. J'ignore son nom, d'où il venait et pourquoi il était là. Mais son attitude m'a fait honte. Je détaille : notre accompagnatrice a repéré cette personne qui écoutait les explications qui nous étaient destinées. Or, ce gros malin n'avait pas payé pour cette prestation, et donc business-is-business, Alexandra lui demande poliment et avec le sourire de bien vouloir s'éloigner. Je pense qu'elle craignait au départ qu'il ne soit un pickpocket. Mais voici que l'homme devient un malotru qui refuse de s'éloigner. Insulte littéralement Alexandra sous mes yeux effarés. Laquelle fait alors appel à un garde du monastère, qui intime à notre touriste l'ordre de s'éloigner. Et lui d'en rajouter, de jouer les offusqués. Lamentable, tout ça pour économiser la poignée de roubles de la visite guidée. Beurk, j'aurais préféré garder un autre souvenir du monastère. Quelle horreur ces français !

Du coup, écoeuré, je suis sorti du monastère. Devant celui-ci se trouve un petit "marché à touristes", qui a l'avantage de proposer pas mal de souvenirs en tout genre, à des prix défiants toute concurrence. Qu'on juge : médailles et casquettes militaires (on en trouve dans toute la Russie, neufs ou ayant servi), poupées "russes", jeux d'échecs, icônes, tableaux, cartes postales, etc.

 

Négociations au marché

Tiens, prenons l'exemple des cartes postales justement. A Moscou ou même à proximité du monastère de Saint Serge, il y a toujours des vendeurs à la sauvette qui tentent de vous fournir des fascicules couleur et des cartes postales sur Moscou, St Pétersbourg, le Kremlin, etc. Sur le marché, on trouve les mêmes ouvrages, les mêmes cartes postales.

Les cartes postales sont généralement en vente par paquets de 10, très rarement à l'unité. Le tarif qui nous était demandé était de 2€ pour 10 cartes. Après négociation (on peut négocier mais ce n'est pas obligatoire en Russie), le prix est tombé à 1€ et 18 pence. Oui, il me restait des pence, de la monnaie de Londres, et le vendeur les a acceptées quand je lui ai dit "English currency".

Un autre exemple de négociation ? Une chapka --vous savez , les chapeaux en fourrure qu'on imagine toujours sur les militaires Russes au fond du blizzard sibérien-- proposée à 15€, vendue 12$.

En conclusion : on peut faire baisser un peu les prix, mais ce n'est pas facile et ne va pas très bas. Mon conseil si vous voulez jouer à ce jeu-là : ça marche mieux si vous êtes seul sur le stand, ou quand vous êtes à la dernière minute avant de repartir. Soyez toujours prêt à accepter l'échec de la négociation et donc de repartir sans l'objet. Des règles de bon sens, quoi.

Nous avons aussi joué sur le fait que nous étions deux. Le gentil et le méchant, version revue et corrigée : le radin et l'autre. Mais c'est le radin qui a les sous... Et l'autre n'est pas si motivé que ça pour l'objet... Et hop, une babiole à 6€ qui finit à 5$.

 

Tu n'as pas honte, ils sont pauvres !

Justement pas. Je suis certes un touriste, un riche parmi les pauvres. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas essayer de payer les choses à leur juste prix --prix local j'entends. Et puis, si le vendeur accepte la transaction, c'est qu'il n'y perd pas, on le sait tous.

Et puis j'aime bien négocier les prix, je trouve ça amusant. Chacun son jeu immoral. Je préfère ça à la culpabilité de certains qui se sentent obligés de payer trop cher, sorte d'acte de pénitence à mon avis malvenu. Fermons la parenthèse.

Et reprenons la route pour Moscou, car là-bas nous attend encore une longue après-midi, et surtout une expédition dans la ville à la recherche des bains. Bon, pour vous, j'ai ici la copie du plan que nous avons gardé après la visite, et qui nous aurait évité la visite de Moscou dans une voiture à l'aspect... comment dire... bah devinez.

La place rouge étant fermée pour cause de meeting politique, nous décidons donc de prendre un taxi. Sans Alexandra, qui n'était pas avec nous cet après-midi là.

 

Un taxi, c'est une voiture avec un truc lumineux sur le toit, où il est écrit "taxi".

Je croyais ça avant d'aller à Moscou. Et il y en a bien des taxis comme ça, jaunes avec un joli machin sur le toit. C'est d'ailleurs avec le chauffeur de l'un de ces taxis que je négocie le prix de la course (à faire impérativement avant de monter à bord). Bon, là j'ai été lamentable puisqu'on est parti à 12$ et qu'on a fini à 15$. Cherchez pas, il n'y a pas de gag.

Le gag, c'est quand le chauffeur nous indique alors une autre personne, un collègue. Qui nous emmène à une autre voiture. Pas jaune. Sans plaque taxi. Sans compteur. Et dans un état... allez, je vous laisse imaginer. Vous voulez un indice ? Voilà : j'ai baissé la vitre pour voir où on était, tellement l'épaisseur de crasse bouchait la vue.

Nous prenons place, confiance quand tu nous tiens ! Et nous voilà à rouler à Moscou, dans les 80-90km/h en pleine ville, sur des avenues larges comme des parkings de supermarché. Renseignement pris, la vitesse est théoriquement limitée à 50km/h en ville, mais je n'ai vu personne aller moins vite que nous. Par contre, on s'arrêtait bien aux feux rouges, ce qui est déjà un bon début, et je n'ai pas vu de vodka ni de bière dans la voiture. Donc, oubliant toute réserve, on profite du trajet : visite panoramique de la ville, quelques mots en Russe que nous ne comprenons pas --on laisse tomber.

L'avantage, quand on négocie le prix à l'avance pour un taxi, c'est que ce n'est pas grave si le chauffeur fait des détours, on profite du décor. Tour complet du Kremlin, théâtre du Bolchoï, bibliothèque centrale, et tiens donc on dirait notre parc à tondeuses d'hier ! Quelques minutes plus tard, le chauffeur s'arrête. Au feu vert.

Se retourne vers nous et nous dit quelque chose. Glups. C'est qu'on ne parle pas Russe, mon bon monsieur.

Puis il nous indique une porte, dans une ruelle à l'enrobé défoncé. Visiblement, nous serions arrivés. Pas rassurés, doutant, on quitte le véhicule et on paye l'homme, qui repart aussi vite. Vite, on sort le mémo de Cyrillique : opération décryptage du nom de la rue. Soulagement, c'est le bon endroit. Le chauffeur ne s'est pas moqué de nous, je présente donc mes excuses pour avoir douté. De l'autre côté de la rue, une voiture de police --une Lada-- semble abandonnée. La rue est déserte, juste une porte qui fait le coin, 10 mètres plus loin, avec une ruelle. Un drôle de personnage sert de mascotte : nous sommes aux bains Sandunovskiye.

Lien : le site internet des bains Sandunovskiye (en Russe et en Anglais)

Photo : éhonteusement copiée du site officiel sus-nommé. Vous auriez emporté votre appareil dans le sauna, vous ? Allons...

Nous avons eu un peu de mal à nous faire comprendre à l'entrée car la demoiselle de l'accueil ne parlait que Russe (chose rare). Mais un Russe nous a très vite aidés, guidés, expliqué le fonctionnement des bains.

 

Même tout nu, il fait chaud

On nous remet des draps-serviettes puis on nous indique les bains. Il y a une sorte de sauna géant, ou des Russes plus fadas que les autres prennent le temps d'ajouter de l'eau directement dans l'énorme chaudière. Effet torride garanti ! Ensuite, on ressort de la pièce et on se jette dans un des fauteuils pour se remettre en forme. Et on y retourne. Cette fois, en sortant, c'est un gros plouf dans l'une des deux petites piscines d'eau fraîche, ou carrément dans la baignoire-baquet en bois, remplie à ras bord d'eau froide.

Les Russes prennent avec eux dans la salle de sudation des bouquets de jeunes branches de chêne, et se fouettent le corps : cuisses, mollets, dos, ventre. Avec vigueur, tout seul ou sur un copain. La légende dit que ça fait du bien, mais je n'ai pas tenté le coup. Assez d'émotions pour cette fois !

Côté décor, c'est toujours un brin désuet mais impeccablement propre, sièges en cuir dans le vestiaire, lustres, fausses colonnes romaines, etc. Par contre, l'entrée aux bains n'est pas donnée, mais elle en vaut la peine (compter plusieurs centaines de roubles). Le bâtiment est totalement non-fumeur, ce qui est grandement appréciable. Hommes et femmes séparés. Les Russes ont sur la tête une sorte de chapeau gris en feutre mou pour la salle de sudation, qu'on peut acheter sur place, mais qui n'est pas obligatoire.

Une fois bien reposé et détendu, il faut se décider à sortir. Mais un grand challenge nous attend : trouver un magasin et faire provision de vodka, pour fêter cette journée longue d'émotions.

Nous reprenons donc nos affaires, sortons dans la rue... Et là, c'est le drame !

 

Suite : Moscou, acte III

Voir d'autres photos de notre voyage à Moscou dans l'album photos

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