TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
On the route encore !
L'âne de Shrek n'a qu'à bien se tenir, me voilà parti à l'aventure ! Chacun s'organise petit à petit dans son compartiment --on se crée un univers. La climatisation marche bien, et le haut-parleur grésille vaguement une cassette ou la radio --on ne saura jamais vraiment-- encore qu'on suppose que c'est la radio, car heureusement il y a un bouton pour couper tout ça et il y est écrit РАДИО, ce qui se lit radio et qui signifie radio. Vous voyez que c'est pas si dur que ça le Russe ;-)
Mais je m'égare, je reviens donc à notre transsibérien qui se dirige donc vers l'Oural et notre première escale : Iekaterinborg (ou Col de Sverlovsk, j'y reviendrai). Il y a deux parcours possibles pour ce trajet, nous prenons celui le plus au Sud, qui ne passe pas par Nijni-Novgorod mais par Kazan. Notre train s'appelle l'Oural --étonnant-- et il se trouve que c'est écrit dessus, comme le prouve cette photo : УРАЛ. Allez, faites l'effort, ça va pas s'arrêter... On a juste quelques milliers de kilomètres avant d'en finir avec le cyrillique !
La plaine de Russie est longue, très longue. Immense. Je n'avais jamais vu des paysages aussi gigantesques, c'est essoufflant rien qu'à les voir. Grand, très très grand, avec parfois une ou deux personnes, mais pas souvent. Et rien, pas une maison, pas une route. Rien que la plaine, grande, grande, si grande... Et puis, de temps en temps, quelques bicoques en bois --on se demande comment elles tiennent debout-- et une friche industrielle. Des usines abandonnées, un peu partout. De vagues collines, des mélèzes, encore des mélèzes...
Photos : à gauche, la plaine et un village. A droite, une friche industrielle. Commme toujours, cliquez sur la miniature pour agrandir.
Première gare.
J'ai oublié le nom de la gare. Par contre, ce que je n'ai pas oublié, c'est ce que j'ai vu là-bas. Au début, j'ai souri, puis franchement rigolé, puis j'ai refusé d'y croire tellement c'était énorme. On se serait cru dans une caméra cachée. J'explique : sur le quai se trouvaient de véritables nuées de Russes de tous âges, avec à la main des vases, des verres, des peluches, de la nourriture, toutes sortes de choses incroyables, et même des lustres en cristal --non je n'exagère pas-- et bien entendu le but de tout ça est d'être vendu à nous-autres passagers du Moscou-Iekaterinbourg.
Les prix ? Dérisoires. La qualité ? Très convenable, pour ce que nous avons pu en voir. En particulier certains petits verres à vodka que nous avons essayés à plusieurs reprises...
Photo : le quai de la gare en pleine effervescence. Source : Dany.
Wagon-restaurant, où l'on apprend à boire la vodka à la Russe.
A peine remontés dans le train, il est l'heure d'aller au wagon-restaurant, alors que la provodnista passe l'aspirateur.
Une fois arrivés dans ledit wagon, Alexandra nous apprend à boire la vodka "à la Russe". Et là, grande désillusion : on ne casse pas son verre en le jettant par-dessus l'épaule. Enfin sauf Seb, qui a réussi à nous massacrer le pied de son verre, dans l'enthousiasme. Et hop, paf le verre ! Bon, alors je vous explique la technique :
1- Remplir le verre de bonne vodka
2- Ouvrir la bouche (le trou avec les dents, là) et souffler avec conviction
3- Boire le verre sus-rempli d'un coup et le reposer avec conviction une fois
vidé (pour Seb : sans tout péter)
4- Souffler à nouveau avec la bouche sus-décrite
5- Inspirer par le nez tout en plaçant devant celui-ci un aliment tel qu'un
cornichon ou un concombre tranché
6- Souffler encore par la bouche l'air sus-inspiré
7- Manger le cornichon (ou le concombre) et affecter un sourire calme
8- Reprendre à l'étape 1 jusq'à ce que la bouteille soit terminée ou qu'il
n'y ait plus de cornichons. Ce dernier choix étant le plus courant dans le
train... Parce que la vodka, j'aime autant vous dire qu'on n'a pas été les
seuls à en faire provision !
Pendant ce temps, notre train arrivait dans d'autres gares. A chaque fois, le sonneur vérifiait que tout allait bien en donnant un petit coup de son marteau à manche long sur les parties métalliques des boggies (au fait on dit 'boji' ou 'bogui' ?). Notez bien qu'avant ce voyage, je ne savais même pas que ce métier existait, comme quoi il faut parfois aller bien loin pour apprendre des choses toutes simples.
Mais puisque j'en suis aux anecdotes, vous savez que les Russes s'embrassent tous sur la bouche ? Eh bien désolé, mais ce n'est qu'une belle légende, réservée aux grands meetings politiques --et encore. Les Russes sont très chaleureux, mais pas comme ça. Ni avec vous, ni entre eux.
Photo : un sonneur vérifie le train à chaque arrêt. Source : Seb.
Je vous avais prévenus ! Parceque dans chaque gare, tout au long de ce voyage, j'ai remarqué deux constantes. La première : toutes les gares Russes ou presque ont le même type de passerelle à piétons métal-béton à peu près rouillées, et la deuxième : un stock incroyable de wagons-citerne ЮКОС. Tachés de pétrole, stationnés là depuis un temps visiblement assez long pour que par endroits des arbres aient commencé à pousser entre eux, dans les voies...
Le train repart. Le plaisir continue. Ce voyage est purement génial !
Nous retrouvons d'autres Français, dont Michel et sa petite famille : Mariette sa fille, Claude la mère de sa fille, et Louis le père de la mère de la fille de Michel (vous suivez toujours ?). Il y a aussi Dany et André, et très vite c'est autour d'une partie de tarot que les langues se délient. On fait plus ample connaissance, on goûte les vodkas des uns et des autres dans une ambiance chaleureuse et décontractée. Le mélange ПУТИНКА* et jus de fruits rouges est un excellent cocktail.
Photo : le train "Oural" en gare de ДРУЖИНИНО. On change la locomotive à cet endroit (voir prochaine page).
La nuit tombe. Le train roule. Je me sens très bien ici. Pendant la nuit, lors d'un arrêt dans une petite gare, des femmes Russes vendent des prunes à la directrice du wagon-restaurant (c'est comme ça qu'on dit). Le gros carton de 10 ou 15 kg : 200 RUB (6,50€). Elles sont excellentes !
(*) c'est une marque de vodka très satisfaisante. Se prononce "poutineka".
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