TRANSSIBERIEN : UN VOYAGE INOUBLIABLE EN TRAIN
Un bateau tout rouillé
De retour sur le port, j'avise notre embarcation. Un coup d'oeil suffit à me faire remarquer juste à côté un superbe bateau rouillé jusqu'au terme. Seb ose à peine s'y aventurer pour la photo ! Je croyais avoir vu un cimetière de bateaux à Irkoutsk, mais là on dépasse encore le niveau. J'avais en tête le cliché qui dit que les marins entretiennent mieux leur navire que leur maison, mais visiblement ça n'est pas valable ici.
Voir un tel abandon au milieu des autres bateaux aurait tendance à faire peur à certains, mais je monte en confiance sur celui qui va nous faire naviguer sur le Baïkal. Je n'aurai pas à le regretter, il semble bien entretenu et le moteur crachouille déjà une fumée grasse. On prend le cap au Nord en longeant la côte. Comme vous le voyez sur la photo en haut de cette page, il y a d'autres bateaux rouillés abandonnés, et les dernières maisons de Listvianka font place à une côte escarpée. Plus de route, plus de maisons, juste la colline qui marque la berge.
Le Capitaine Blum
Qui n'a jamais navigué sur le Baïkal ne connait pas le bonheur. Dit comme ça, c'est super pompeux, mais c'est vrai que ce lac est vraiment magnifique. Je n'ai pas de mots pour décrire ça. Par contre, je vais vous raconter l'histoire du Capitaine Blum, ou plus précisément de l'histoire à boire que Michel nous a fait apprendre à l'occasion de ce petit tour sur l'eau.
Le Capitaine Blum est un jeu à boire très visuel, au cours duquel on reproduit quelques actions simples --boire une gorgée, taper la table avec son doigt, répéter une phrase précise-- mais comme tout le temps dans ce genre de jeu, il y a des pièges. Alors, si un jour vous jouez au Capitaine Blum, faites attention à ce détail : le nombre de doigts pour tenir le verre est essentiel ! Pour le reste... vous verrez bien ;-)
Et pendant ce temps-là, le bateau avance au soleil, Daniel est malade comme un chien et Seb joue au Capitaine Blum avec Michel. Tout va bien, l'ambiance est bonne. J'aimerais que ce moment dure encore longtemps, mais déjà on reprend cap au Sud, direction Listvianka puis la route jusqu'à Irkoutsk où nous prendrons le train ce soir.
Le Baïkal m'a charmé, mais le Transsibérien reprend ses droits. Etrange sentiment : j'aimerais rester là et en même temps je suis impatient de reprendre le train. Allez comprendre...
Un Coca sinon rien
De retour à Irkoutsk, on s'entasse dans un resto à touristes surchauffé. Je ne tiens pas, et je sors prendre l'air et aller faire un petit tour au marché couvert du coin --pas terrible, d'ailleurs. J'en profite pour aller acheter une petite bouteille de coca pour Daniel qui est toujours malade, en espérant que ça lui fera du bien --en l'occurence ça a marché-- et pour ça je me rends auprès du petit kiosque ci-contre. Comme toujours, on y trouve de tout pour un prix très faible : la bouteille de 0,5L de Coca Cola m'a coûté la fortune de 7 RUB.
Mes pas m'emmènent ensuite dans le quartier à côté, où on est loin des clichés de carte postale mais pourtant les maisons sont bien typiques : rues jamais entretenues, pylone haute tension au milieu d'un carrefour, bicoques en bois qui s'enfoncent dans le sol : la pauvreté est bien là. Je n'ose qu'une seule photo d'enfants --celle que vous avez vu en haut de la page précédente-- mais je me sens mal à l'aise. On n'est pas au zoo. Ici, un énorme camion Russe. Là, une voiture rouillée. Pourtant, vu les traces de boue fraîche, ces véhicules ont encore été utilisés aujourd'hui même. La végétation est étrangement libre, on ne se croirait pas en pleine ville, mais pourtant c'est bien Irkoutsk !
Non loin de là, un immeuble Russe, tout aussi mal entretenu que les friches industrielles qu'on a vu en arrivant. D'après ce qu'on m'a expliqué, cette dégradation générale ne date pas de la chute de l'URSS mais avait déjà commencé avant : dans un monde où les choses ne vous appartiennent pas, vous n'avez pas de motivation pour les entretenir. Vous vous contentez de les utiliser jusqu'à ce qu'elles tombent en ruine. En face de l'immeuble se trouvent plusieurs maisons de bois rénovées pour les touristes. Ce trésor traditionnel menace de disparaître d'ici quelques années.
Photos : à droite, un immeuble à Irkoutsk. Ci-dessous : la gare d'Irkoutsk. Source : Seb.
Comment faire pour bien rater son train ?
On est de retour à la gare d'Ikroutsk. Je surveille les bagages pendant que Seb cherche un bon point de vue pour la photo. J'accompagne les autres au quai, je cherche Seb du regard, la provodnista me fait signe de monter. Seb n'est toujours pas là... Je fais signe à Alexandra et je cours vers l'entrée de la gare. Seb a encore un peu de mal avec le cyrillique, et je suppose qu'il ne sait pas si le train est plateforme 3 quai 2 ou plateforme 2 quai 3. Le passage entre les voies est en sous-sol --ce qui est rare en Russie, la plupart du temps jusqu'ici c'était des passerelles en béton et métal-- et j'ai du mal à remonter le flux des voyageurs. D'autres trains partent en même temps, c'est le rush.
J'arrive dans le hall, Seb arrive juste de sa photo. Regardez-la bien, parce qu'elle vaut son pesant de stress.
Donc, je lui fais signe, on court à nouveau, on double, on zig-zague entre les Russes, et on rejoint la plateforme 3.
Et là, c'est le drame.
(oui je sais, j'avais promis...)
D'autres photos de Sibérie dans l'album photos du Transsibérien
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