En route vers la zone militaire

En route vers la zone militaire

Paysage de l'Altaï
Paysage de l’Altaï, Mongolie

Maintenant que Chrystel nous a prouvé qu’elle peut se baigner, en plein automne, dans un lac à 1400m d’altitude, on plie bagage.

Nous reprenons donc notre trajet dans l’ouest mongol, par petites pistes et hauts cols (record battu aujourd’hui avec 2560m), le paysage mongol est toujours aussi époustouflant. D’innombrables sommets rocheux, des grands vallons désertiques, et toujours ces espaces incroyables et presque sans personne. On traverse un village qui abrite une mine de charbon. C’est elle qui alimente en charbon un bon quart de la Mongolie, eh oui ici on utilise le charbon à la maison pour se chauffer, puisqu’il n’y a pas de bois. Et voici notre première mosquée : nous entrons en territoire à dominante musulmane. Les habitants de cette région sont majoritairement des Kazakh. Attention, on est encore en Mongolie, mais il y a une cinquantaine d’année certains kazakhs ont fui l’union soviétique pour la Chine et la Mongolie, puis quand les frontières se sont fermées, ils se sont retrouvés être là, et ils sont maintenant donc mongols. Les gens ici parlent donc un dialecte issu du kazakh, et apprennent le mongol à l’école pour pouvoir communiquer avec le reste du pays. Alors quand vous arrivez en parlant français/anglais/allemand, on vous sourit, mais personne ne pige rien.

Mosquée du charbon
Mosquée du charbon

Sauf les jeunes, qui apprennent (certains) un peu d’anglais à l’école. Ou si vous parlez russe, alors les anciens vous comprennent : ça date de l’époque où les russes contrôlaient la Mongolie comme une pseudo-protectorat, les mongols n’en ont pas un super souvenir, à priori ça ne s’est pas passé comme ça aurait dû. Dans cette région, il y a plus de bâtiments en dur qu’ailleurs. Iggy a besoin de regonfler un peu un pneu. On avise donc un garage une maison où il y a un compresseur. Le monsieur n’est pas là, mais la dame sait qu’il faut faire toucher ce vieux fil nul qui traîne au sol avec une tige de fer. On fait ça à pleine mains, bien sûr. Et hop, le compresseur de met en route. Ne me parlez pas de sécurité électrique, la notion même est inconnue ici. Ce qui est toujours un peu chagrinant quand un kido joue à même le sol à 1m des fils, mais bon, on n’est pas là pour imposer notre vision des choses. Et à priori, renseignement pris, le taux d’accident électrique serait équivalent en Mongolie et en France… A méditer ! Mais passons et reprenons la piste. Comment ça la piste ?

 

Camion de charbon
Camion de charbon

Bin oui, les camions de charbon, pleins à craquer et qui se suivent sans arrêt, prennent la piste. On n’a pas encore construit de route. Mais la piste permet d’aller doucement, et donc de profiter du paysage. Tiens, ici c’est encore un super lac turquoise en plein désert. Là, un vieux camion déglingué à rallonge et surchargé qui se traîne à la vitesse poisseuse d’un âne démotivé. La piste passe à proximité d’une gargote. Une quoi ? Oui, une gargote. Un lieu improbable où on peut manger.

Gargotte vue de dehors
Gargote vue de dehors : heureusement, un camion y est arrêté, ça nous aide à savoir qu’on peut manger là

Relisez mon voyage aux Philippines pour redécouvrir quelques-unes de ces abominables antres, dans lesquels tel le joueur de roulette russe, on n’est jamais sûr de ce qui se passera la minute d’après ! Nous entrons donc dans cet établissement qu’aucune affiche n’indique comme étant ouvert au public. On passe à travers la chambre-cuisine-salon des tauliers, et on arrive dans la salle des clients, où trône une belle table ornée d’une insolite nappe plastique, sur laquelle quelques chauffeurs de camions laissent tomber quelques gouttes de leur soupe aux nouilles, qu’ils engloutissent avec le bruit caractéristique de succion qu’on apprend à ne pas faire… en occident ! Puis, tout un chacun peut se reposer sur un tapis posé sur une sorte de lit-planche à 50cm du sol. Il y a sûrement un nom pour ce truc, mais je ne m’en souviens plus. C’est dur, mais ça fait du bien après les secousses de la piste.

 

Reposons nous dans la gargotte en attendant que le plat se prépare
Reposons nous dans la gargote en attendant que le plat se prépare
L'unique table de la gargotte
L’unique table de la gargote

 

N’empêche qu’au final, on aura super bien mangé, pour une somme modique et surtout avec des rencontres étonnantes. Notez le thé au lait, gratuit et à disposition sur la table (j’ai parlé des chauffeurs qui buvaient de l’alcool sur le grabat ? non ? j’ai du oublier, tant pis). La gargote fait face au lac dont je vous parlais plus haut.

Quel beau lac (à mettre en fond d'écran)
Quel beau lac (à mettre en fond d’écran)

Et nous repartons en direction d’Ölgii, la 5e plus grande ville de Mongolie fière de ses 30 000 habitants. Non, je n’ai pas oublié de zéro, vous avez bien lu : trente mille. Cette ville est le centre névralgique de tout l’Altaï, et nous devons nous y rendre pour obtenir un permis militaire de la part des autorités, car nous voulons aller dans des zones qui sont très proches de la frontière Russe et de la frontière Chinoise, et on ne chipote pas ici : c’est zone interdite. Sauf si on a un permis, justement. Donc, allons en ville !

On passe en chemin à proximité d’une rivière, il y a des arbres (c’est rare ici !) et on arrive enfin à Ölgii. Je vous raconterai la suite demain, mais soyez rassurés : on a eu notre papier ! Nous pourrons donc aller dans la zone militaire interdite. En attendant, on ira au souk-marché, à la terrible douche municipale, et ce soir on mange du cheval.

sur la route d'Ölgii
sur la route d’Ölgii

 

 

 

 

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