Le seigneur Te Anau
J’avoue, elle est un peu facile celle-là, depuis le début de la Nouvelle-Zélande on baigne dans une ambiance Tolkien et son Seigneur des Anneaux mièvre mâtinée de sauce pognon. Et aujourd’hui, nous prenons la route pour aller au lac Te Anau ! Mais bien sûr, pas n’importe quelle route.
Route en gravier
Je n’étonnerai évidemment plus personne en disant que nous avons quitté la côté et les Catlins en traçant à travers un no-mans land par une route dispensée du moindre enrobé. On voulait traverser un énième national park ou scenic reserve (the Catlins Coastal Rainforest Park si vous voulez tout savoir), et à juste titre c’est vraiment un endroit remarquable. La route traverse (tout en tournant régulièrement, ne perdons pas les bonnes habitudes) une cinquantaine de kilomètres de forêt et de plaines vierges de toute activité humaine ou presque.
On ne croise pas un pékin, ils sont probablement tous entassés sur la highway 🙂
Chaque kilomètre qui passe nous épate et on se félicite d’avoir pris ce chemin un peu aventureux. Les ados elles-mêmes ne grognent pas, c’est dire (et sans wifi) !
La traversée du parc est splendide.
C’est Gore !
Et tandis que notre trajet nous rapproche du lac Te Anau où nous allons rejoindre les troupeaux massifs de ploucs bien dressés qui se ruent sur le Milford Sound pour s’y extasier de concert (ou conserve ? je sais plus comment on écrit, pff) en se prenant en selfie avec un selfie-stick (c’est ce bout de plastique avec un crochet pour tenir le téléphone à distance quand on se prend en photo, et qu’on vous vend sur tous les lieux touristiques possibles et imaginables à tel point qu’on se sent limite gêné quand on n’en a pas, mais c’est pas grave on est des dinosaures de toutes façons quand on ne poste pas sur Facegram ou Instachat les photos presque pas floues de son pénible gueuleton du midi donc retournons à nos moutons le pays s’y prête bien, n’est-ce pas) à l’endroit indiqué par le lookout sign (traduire : le panneau qui dit qu’on doit faire la photo du point de vue là et pas ailleurs).
Donc, disais-je plus haut, notre route croise un endroit gore. Ou plus clairement, Gore tout court, une (petite) ville où on achètera à peine un peu d’essence et quelques bananes, et on repart. Et on prend la photo, histoire de raconter qu’on a vu du Gore en Nouvelle-Zélande ! Il faut dire que ça plait bien à nos ados, qui bien sûr comme tous les ados sont fans de trucs gores, morbides et autres horreurs. Il parraît qu’on était pareil, mais ne leur dites pas, elles y croiraient !
Te Anau, le lac, le business, et nous
Nous arrivons donc à Te Anau, quelques courses et encore un peu de pétrole, et hop en route jusqu’à Te Anau Downs.
C’est là qu’on réalise qu’on est en plein business-land. Imaginez : une merveille classée et unique au monde (un fjord, hihihi y’en a plein en Norvège mais bon), et à partir de Te Anau, il n’y a plus qu’une seule et unique route, qui y mène. Cette highway est parcourue quotidiennement par des dizaines de cars bondés de bons clients.
Chaque hôtel ou lodge le long de cette route est donc bien sûr un monumental attrape-pigeon, mais on a eu de la chance et on a réussi à ne pas trop se faire plumer. On a même atteint l’exploit rare de trouver un backpacker (une auberge de jeunesse, ndt) avec une chambre presque rien que pour nous –le pauvre dernier (il y avait 6 places dans cette chambre et on est 5) s’est senti tout seul parmi notre troupeau bien habitué !
Comme quoi, voyager autour du monde en famille avec trois ados, au bout de 6 mois, ça devient un avantage !
En face de notre home d’une nuit : recto le magnifique lac Te Anau. Verso, un joli petit sentier mène à un autre petit lac qui ne semble intéresser personne (probablement parce qu’il n’est pas mentionné dans le Guide du Routard). Alors, allons donc faire une petite rando vers ce lac !
Trek vs balade vs rando
Une heure tout mouillé, c’est un trek, une rando, une balade ou un petit tour sympa ? Bin, on s’en fout pas mal en fait, puisqu’on y va pour voir comment ça va se passer ! On aime bien ricaner devant les coupeurs de cheveux en quatre qui tiennent à mettre des étiquettes sur les différentes façons de faire un tour. Après quelques minutes, le sentier débouche sur un paysage spectaculaire : un lac plein d’une eau cristalline mais aux dimensions raisonnables nous sourit derrière ses berges un brin marécageuses.
En voulant s’approcher pour faire une photo, bibi s’y enfonce un peu… Mais l’endroit est calme et pas un gogo à l’horizon. On a bien fait de venir, et le soleil est de la partie, c’est plus gai (© la cité de la peur).
Arnaque à la Néo-zélandaise
On rentre tranquillement à notre dortoir, et j’avise dans le hall quelques prospectus. Je m’étonne de voir qu’on indique en gros que c’est gratuit : mais alors, qui paye les flyers ? Ah, vous ne vous étiez jamais rendu compte que la pub, c’est le client qui la paye ? Ah ah ah…
Voici donc la photo des deux pubs, on vous indique que vous pouvez aller observer des blue penguins (c’est rare) et des royal albatros (c’est moins rare mais bon), observez attentivement… Et au premier coup d’oeil avisé, on pige l’arnaque : aller les observer n’est pas gratuit. Ce qui est gratuit, c’est justement ce dépliant promotionnel qui se vante pompeusement d’être un « guide » et une « carte ». On n’a peur de rien pour détrousser le touriste ici !
Mais ce n’est pas grave, puisqu’on a pu se régaler de superbes paysages et se goinfrer de soleil qui nous a bien cramés aujourd’hui. Et demain, puisque vous voulez tout savoir, on va se faire un trek (non, pas un trek, le mot a une connotation prout-prout de sportif m-as-tu-vu) une rando vers un lac dans une vallée suspendue, un peu plus près encore du Milford Sound, où nous n’irons pas faire le tour quasi-obligatoire en bateau au pied de la cascade. On en a ras la couette des cascades !
3 réflexions sur « Le seigneur Te Anau »
J’imagine que c’est déjà fait mais en effet je confirme que le tour en bateau n’en vaut pas la peine. Certes, on verra au loin quelques otaries qui se prélassent, et éventuellement quelques dauphins qui profiteront du bateau à 250-300 places pour jouer dans les vagues mais finalement le paysage en soit (par beau temps) au bout du fjord suffit largement au plaisir des yeux et personnellement la route en elle-même vaut le détour pour ceux qui décident de prendre le temps de la faire et de s’arrêter régulièrement
Beaux paysages en effet !
Et vive le soleil pour profiter de tout cela !
(Pour Chrystel et les filles, je me doutais, par contre je ne t’imaginais pas avec une couette !)
jolie selfie !!!
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