Le village perdu

Le village perdu

rue principale du village
rue principale du village

En Mongolie, on trouve parfois au détour d’une piste un petit village. Nous avons eu la chance de nous arrêter dans l’une de ces (rares) agglomérations, car on en voit au mieux une fois par 200 km. Ce village perdu, dont nous n’avons même pas le nom, était plutôt grand car il y avait un hôpital (8 lits), une crèche – école maternelle – école primaire – collège (150 élèves), une station essence, un magasin, et un restaurant. Population totale : environ 1000 personnes.

le village connecté
le village connecté

Soyez prévenus : c’est vraiment un gros village. Tous les nomades à 100km à la ronde envoient ici leurs malades à l’hôpital, et leurs enfants à l’école. Nous avons vainement cherché des toilettes (on savait déjà qu’il n’y en aurait pas au resto) donc on est allés dans la cour de l’école, mais c’était vacances donc finalement à la station essence il y a deux emplacements de WC publics, aux standards locaux. Du coup, on est allés là. Voici un extrait vidéo pour vous permettre d’imaginer. Franchement, je sais que je vous en ai déjà parlé, et on a vu bien pire à Erlian, mais j’avoue que finalement j’étais mieux hier soir dans mon désert, tranquille, à faire pipi dans le sable loin de tout.

Revenons maintenant à la gargotte où nous allons manger ce midi. Le terme est assez mal approprié mais on l’utilise volontiers. Il n’y a bien sûr qu’un seul resto dans le village, c’est déjà pas mal d’ailleurs qu’il y en ait un. Ledit resto n’a d’ailleurs qu’une seule table, et un seul plat à proposer, mais qui est préparé à la commande. On va donc visiter le village un petit quart d’heure, le temps que la dame prépare le susdit plat pour nous autres. D’après ce qu’on nous explique, nous sommes les premiers occidentaux à venir ici depuis plus d’un an, et encore les derniers ont juste pris de l’essence et sont repartis. Coefficient immersion à 100% donc ! On en prend plein les mirettes.

porter l'eau chez soi
porter l’eau chez soi

Dans ce village, il y a bien sûr Internet et la 4G. Pas d’enrobé dans les rues, pas d’eau dans les maisons, mais on a le dernier cri de la technologie : une parabole énorme alimentée par énergie solaire donne accès aux réseaux pour tout le village.

la station essence est à l'entrée du village, face à la steppe
la station essence est à l’entrée du village, face à la steppe

L’eau, en revanche, est fournie par une pompe dans un gros puits (80m environ me dit-on), il faut payer 1 ₮ tougrik par litre pour pouvoir en prendre ce qui permet de payer l’entretien de la pompe. Donc ça fait 0,35€ environ les mille litres d’eau, ça reste raisonnable au bout du monde. Mais il faut ensuite se transporter le précieux liquide jusqu’à la maison, le faire bouillir, et ensuite seulement ça peut servir à cuisiner. Donc pour la douche haute pression vous repasserez plus tard.

Une nuée d’enfants sillonne les rues sur des vélos et nous observe avec intérêt. On nous montre du doigt, nous sommes clairement des curiosités. Un cousin de Bida qu’on croisera plus loin nous a d’ailleurs dit qu’il n’avait jamais vu de cheveux châtains en vrai avant nous, bien sûr en télé ou en photo, mais pas en vrai.

la table dans le resto
la table dans le resto

Ici il faut dire que tout le monde a les cheveux très foncés, eh oui les amis on est en Asie !
On entend tout à coup le bruit caractéristique d’un vibreur de portable. Or, aucun portable à la main… En fait on comprend, juste après, que c’est un mouton qui fait ce bruit en grognant doucement. Il est allongé, il doit faire une sieste, je vous assure que la similitude est frappante.

Le repas est servi. On mangera donc aujourd’hui : des pâtes avec des petits bouts de viande de mouton revenus dans les légumes, et de la pastèque. Pas dans les pâtes, la pastèque, oh la la qu’est ce que vous allez croire ! Allez pour cette fois je fais comme si vous n’aviez rien dit.

la steppe mongole
la steppe mongole

D’ailleurs nous repartons, environ 100km tout droit, dans la steppe aride. Le sec. La poussière. Ici, quelques chameaux trompent l’ennui en regardant d’un air torve une touffe d’herbes sèches. Un petit col à 2000m, la piste est creusée par le temps, on regretterait presque les voies romaines. Puis la descente, et tout à coup, la perle bleue d’un immense lac !

bibi et les chameaux
bibi et les chameaux

Celui qui n’a pas passé plusieurs jours dans le désert n’a aucune idée de la joie surprenante qu’on trouve à voir une belle eau bleue, pourtant toute simple. Qu’on ne s’y méprenne pas : j’adore les déserts, mais un peu d’eau ça fait joli et ça donne envie. Sauf qu’il y a un hic : le lac en question est salé.

route droite et sans personne
route droite et sans personne

Oh, peu salé, juste à peine pour donner le goût de sel, bien moins salé que la mer. On pourrait presque la boire sans que ça donne soif, c’est juste que c’est pas bon de l’eau salée. Surtout quand elle contient aussi un peu de bicarbonate, histoire de rendre le truc marrant.
Et alors, histoire de rendre le truc un peu plus étonnant, on trouve une route. Une vraie : plate, avec enrobé, panneaux, bas-côtés, glissières de sécurité… Mais pas un chat à part nous.
Ce ruban noir file tout droit. Suivons-le…
Pour ce soir on pensait allez chez des nomades, mais on n’en trouve pas. Apparemment, ils sont tous partis plus loin dans des campements d’hiver, car l’été a été sec et il n’y a plus rien à brouter pour les troupeaux.
On avise un hôtel, mais rapidement on choisit l’option tente sur la plage de petits cailloux, car l’établissement ne comportant ni douche ni toilettes, n’a finalement pas d’avantage par rapport à la tente. Ah si : un parking en béton défoncé. Donc on s’éloigne de 10km, on se place au bon endroit, dans un vent qui souffle à plein régime, on s’y met à 6 pour placer la tente sans qu’elle s’envole.

le bord du lac et ses petits cailloux
le bord du lac et ses petits cailloux
une fois la tente plantée, un petit gorgeon
une fois la tente plantée, un petit gorgeon

Le ciel est dégagé, ce soir on fait réviser aux filles leur géographie lunaire : mer de la fécondité, cratère Tycho, mer de la sérénité, etc. Rassurez-vous ce n’était pas au programme officiel, mais on a trouvé l’occasion idéale : une pleine lune, une belle vue, et un peu de culture générale ne font pas souvent un si mauvais mélange. Et maintenant, mettons en route le PC, il est temps de commencer à faire faire à Eve ses premiers cours et tests de code de la route, car quand on reviendra elle aura déjà 15 ans bien passés.
Le soir tombe, et le vent avec lui. Je vous le dis, ce soir on va encore bien dormir au calme, c’est chouette. Bravo la Mongolie !

La Lune, prise en photo par mes soins, grâce à l'altitude et le ciel bien dégagé
La Lune, prise en photo par mes soins, grâce à l’altitude et le ciel bien dégagé
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