Londres – St Petersbourg : les détails d’un transfert maudit

Londres – St Petersbourg : les détails d’un transfert maudit

Allez, je vais vous raconter comment un simple trajet en avion peut devenir une galère quand on subit la malédiction du chat noir (©Pierre pour cette dénomination).

Chloé et ses soeurs au réveil
Chloé et ses sœurs au réveil : il est 5h50

Bon, vous nous connaissez, tout était bien préparé. débout, il est 5h. On part donc à 5h45 de notre hôtel à Londres (je passe sous silence les impacts nombreux et particulièrement vifs d’insectes que j’ai subi pendant cette nuit-là, allez savoir, un avant-goût de la joyeuse journée qui allait venir), on prend le métro jusqu’à Heathrow. Oui le métro, car bien sûr tout vous incite à prendre le Heathrow Express, sauf que vous gagnez à peine 25 minutes sur le trajet et que vous raquez comme un touriste. Donc prendre la gentille ligne Picadilly (bleu foncée) jusqu’à la fin, le terminal 2 de l’aéroport. Et ça tombe bien, c’est là qu’on va décoller. On arrive donc avec 2h30 d’avance, et on emballe nos bagages. Vous avez déjà vu ça dans les aéroports : pour éviter les vols et l’arrachage des sangles de sac à dos, on vous propose de les emballer dans du film plastique moyennant finance, et Dieu que c’est onéreux puisque dans les 18£ par sac, c’est environ 20€, bim le porte-monnaie… Sauf à s’y prendre bien, ce qu’on a fait : on est venus avec notre propre rouleau de film plastique (du cellofrais tout bête, petit rouleau de 50m, le rouleau de film à palette est bien mais c’est trop gros !) et on a emballé tous nos bagages soigneusement, puis on les a enregistrés. Tout était OK, pas de souci, on récupère nos tickets bagages, et on est donc tranquilles. Ah j’ai oublié pour ceux qui iront à Londres : on a pris une Oyster card « normale », eh oui car elle peut être remboursée à la fin (crédit inutilisé + la caution de 5£), mais l’appareil rend tout en pièces ! Il est donc temps maintenant de se débarrasser de ses pièces (les billets peuvent facilement être changés un peu partout, mais aucun bureau de change n’accepte les pièces étrangères). Chrystel regarde le tarif d’un café (3.50£, presque 4€ !) et finalement on se dit que c’est « un peu » exagéré. Après la sécurité, on se rend compte qu’on avait le même pour 2.40£, ça reste cher mais c’est un peu moins l’arnaque. Je change tout mon argent, mais bien sûr comme on ne peut pas acheter de Roubles hors de la Russie, j’opte pour des dollars US : ça nous servira forcément, et au moins en dollars il y a des billets de 1$ ce qui permet d’arrondir le change plus facilement qu’avec des Euros par exemple. Jusqu’ici tout va bien. Sauf qu’Audrey a perdu (oublié à la maison, en fait) son chargeur de DS. Fini les jeux vidéo ! L’avion est prêt, on embarque… et on part en retard. Et là, c’est le drame (pour ceux qui ne connaissent pas cette ritournelle, relire mon récit du Transsibérien de 2005)…

Nous arrivons donc à Frankfort avec notre premier vol, avec du retard. Théoriquement, il reste 48 minutes pour prendre le vol Frankfort – St Petersbourg, c’est très jouable… Mais une famille d’Indiens a aussi un vol très proche, et on les attend pour monter à bord du bus qui doit nous poser au terminal, mais eux attendent une navette spéciale, tic tac tic tac rien ne se passe. Restons zen, tout va bien. Le bus part, on arrive au terminal. Pas de bol, notre vol est dans l’autre terminal, il faut marcher, monter, descendre , re-marcher, et prendre le petit métro interne de l’aéroport, re-marcher, tic tac tic tac on accélère le pas, et voici maintenant le contrôle de sécurité ! On passe sur la voie coupe-file, le gars vérifie et nous accorde bien d’éviter la longue file d’attente, mais il faut quand même attendre et passer la sécurité. Et pas de bol, notre « guichet » (je n’ai pas en tête le mot exact pour dire cet endroit où sont alignés un lot de portique X-Ray, le scanner corporel, les agents de sécurité, etc) change de staff. Ils éteignent tout et partent. Donc attendre. Le nouveau staff arrive, attendre, ça se dit bonjour, attendre, garder le sourire, ne pas grogner ça ne peut qu’aggraver la situation, ça met en route les machines, attendre. Et hop tout passer dans le scanner. Ouvrir le sac, en sortir l’ordi, les DS, les tablettes, la liseuse, les chargeurs, tout séparer dans des bacs différents, entendre le « last call » dans les haut-parleurs, garder le sourire, attendre que le gars teste la languette anti-explosif, attendre, dire merci, tout ranger en vrac en rush, courir rejoindre les filles à qui j’ai dit de courir à la porte d’embarquement, découvrir qu’on doit changer d’étage, se ruer dans l’escalator, accélérer encore, sauter les dernières marches et se précipiter d’un sprint effréné vers la porte d’embarquement… Et voir qu’ils viennent de la fermer il y a 2 ou 3 minutes.

Alerte à la bombe à l'aéroport de Franfort
Alerte à la bombe à l’aéroport de Franfort

Demander poliment à la dame, entendre que désolé mais c’est trop tard (ayant déjà vécu ça lors d’un Paris – Édimbourg, je sais qu’on ne peut plus rien y faire). Garder le sourire, retourner sans se presser au guichet Lufthansa, et négocier pendant une bonne heure une place sur le prochain vol. Entendre qu’il est complet. Entendre qu’on doit dormir ici, prendre le vol de demain matin, et que l’hôtel et les transferts seront à nos frais parce qu’on avait le temps (leur standard commercial est 45 minutes). Négocier. Obtenir un placement en liste d’attente sur le vol du soir. Appeler Zip. Patienter. Patienter. Patienter encore. Avoir zip qui annonce avoir déjà vu 4 places pour le vol du soir (sniff, on est 5). Attendre. Avoir un nouvel appel indiquant qu’il y a 5 places. Refaire la sécurité. Refaire le contrôle des passeports (et pour ma part demander et obtenir un tampon Francfort, n’oublions pas les bonnes habitudes !), aller à la porte d’embarquement, négocier avec le staff car nos billets ne sont évidemment pas les bons. Entendre qu’un problème technique bloque nos billets. Attendre et voir tout l’avion se remplir. Ne pas craquer. Obtenir enfin nos billets, mais séparés bien sûr, faut pas déconner. Remercier chaleureusement, et monter à bord. Négocier à nouveau car Audrey se met à pleurer qu’elle ne veut pas être toute seule. Remercier les 3 personnes qui se déplacent pour nous laisser être les deux adultes avec elle. Décoller… et souffler enfin ! Notez que je vous ai épargné l’hôtesse qui est tombé dans les pommes dans l’aéroport au moment de notre négociation pour avoir les places en liste d’attente, l’alerte à la bombe dans l’aéroport, et

Enfin dans l'avion !
Enfin dans l’avion !

plusieurs autres trucs du genre ! Sacré chat noir.

Le vol arrive donc ensuite à St Petersbourg sans encombre. On récupère nos bagages sans souci (miracle !!) et on sort de l’aéroport. Je retire quelques roubles au distributeur (merci N26) et on fonce au bus 39E. Comme dans tous les aéroports, des chauffeurs de taxi tentent d’attraper le touriste, mais je me suis renseigné et le bus 39E est un direct jusqu’à la ville, pour la somme dérisoire de 40 Roubles par personne, soit moins de 0,60€ ! Vous montez dans le bus, et le bus part. Ensuite, une dame passe dans le bus et vend les tickets. Antique, mais génial !

Arrivés à St Pétersbourg, on descend du bus et on prend le métro. Ou plutôt, on veut le prendre, car n’oubliez pas qu’il est déjà minuit passé ! Or le dernier métro est à minuit 40. Et il faut acheter des tickets (comment ça, vous arrivez sur place et vous n’avez pas déjà vos tickets de métro ? sacrés touristes !) l’automate est bien sûr en panne, et l’autre ne fait que recharger des cartes qu’il faut déjà avoir. Reste le guichet… avec 10 personnes qui attendent devant. Ma foi, attendons aussi. Et tout à coup, Chrystel voit une 2e machine automatique ! On y va, on achète des jetons (oui ça existe

drame dans la rue
drame dans la rue : il n’y a pas de numéro 15

aussi : soit jeton soit carte sans-contact, le métro d’ici est multi-technologique). Chaque jeton est à 45 roubles (ça fait à peine 0,65€) et heureusement j’ai fait exprès de donner un gros billet à la dame du bus, donc j’ai des petits billets, et c’est parti pour le métro !

Le tourniquet s’ouvre, c’est donc encore possible de prendre le métro. Ceux qui ont déjà voyagé en Russie savent qu’il est rustique mais efficace. Et plus large que celui de Londres ou Paris. Les stations sont plutôt éloignées les unes des autres, et ça fonce ! On arrive à notre station (bin oui, l’air de rien j’ai préparé et je sais où on doit sortir, et vous vous souvenez que grâce à Larissa je sais lire les lettres russes). On sort du métro (l’escalator est immense, déjà Londres c’était sympa mais là on revient à des profondeurs soviétiques, je vous ferai une photo un de ces jours si j’y pense). Et il faut maintenant marcher. Le chat noir doit être occupé ailleurs, car il ne pleut pas. Après à peine 15 minutes de marche, on arrive dans notre rue, où on a réservé un AirBnB chez Maria (Мария en langue locale). L’appartement est au n°15 de la rue. On s’en approche, et là c’est le drame !

Eh oui car bien sûr, il n’y a pas de n°15 dans cette rue. Il est une heure du matin, en Russie, et on est à la rue. J’allume mon téléphone, Free m’envoie un SMS pour me dire que la minute de communication est à 1,50€ TTC, ça vous démotive un brin. Le roaming data étant lui à 3,95€/Mo, autant dire qu’il n’est pas possible d’y recourir. Donc, j’envoie un SMS à Maria. Elle me répond, elle nous attend… Dans la rue d’à côté, j’ai mal lu la plaque de rue : à une heure du matin après une telle journée, vous seriez capable de faire la différence en Cyrillique entre « Podyacheskaya Srednyaya ulitsa, 15 » et « 

Vodka Russe
Vodka à St Petersbourg dès le premier soir !

Du coup le lendemain, entre le décalage horaire, la fatigue et le stress qui retombe, on a émergé du lit à 14h30 ! Un repos bien mérité.

6 réflexions sur « Londres – St Petersbourg : les détails d’un transfert maudit »

  1. c’est palpitant et tellement bien raconté..

    c’est vrai que Chloé fait une drôle de Tête à la station, heureusement qu’elle ne connaissait pas le déroulement de la journée à venir!!!
    Bon tout est bien qui finit bien puisque vous devez actuellement déambuler dans les rues de St Pétersbourg et reprendre une petite vodka

  2. Ca m’évoque pas mal de souvenirs (bien lointains) : le petit magasin d’en bas de Listvienka ouvert à minuit, les russes toujours serviables et avec le sourire, le métro russe…

    A peine 4 jours et déjà des souvenirs qui avec le temps vont devenir des moments épiques et excellents!

  3. Clap! Clap! Clap!
    Bravo : quelle force mentale, quelle péripétie.
    On a bien rigolé a ex Karine et Eleanor à vous lire dans notre canapé un thé à la main. 😉
    Tu avais tout prévu et préparé à l avance (parcours, réservation, apprentissage du russe, change, etc…). Mais la vie est un éternel chaos et tu viens d en faire la démonstration. Un cauchemar pour l Optimisateur compulsif que tu connais bien.
    Pour info : en ce moment en France les personnels des aéroports sont en grève pour dénoncer  » l aggressivité des passagers ne supportant plus les attentes, retards et imprévus d enregistrements ». Sans blague !

    Будем здоровы
    !!!

    1. En grève pour ça ? Ils feraient mieux de traiter la cause au lieu de traiter la conséquence… Enfin souvent en France on travaille comme ça : on soigne (cache) le symptôme sans régler le problème.

  4. Bravo pour ce départ très sportif! je compte bien vous suivre tout au long de votre périple. Sophie et Bruno des amis sont partis 1 an en Amérique du Sud :logement en pick up + caravane enfants 12 mois et 8 ans ,nous parlions de vous hier en balade au milieu des ronces et des orties dans le lit d’une rivière (qui coule a sec en été). Vos filles ont une chance inouïe !!!Un peu de philosophie ; Un de mes profs me disait dans l’adversité un echec apporte 2 fois plus qu’une réussite. Bonne route et Biz

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