La vodka chaude de Mongolie
Tout avait pourtant bien commencé, nous avions pris un bain dans le lac puis la route vers notre prochaine destination, à savoir une yourte de nomades que Bida connaît, proche du lac d’Uvs qui est le plus grand lac (salé également celui-là) du Nord-Ouest de la Mongolie. La route est toujours aussi déserte, et on voit enfin nos premiers sommets enneigés : nous sommes déjà à presque 2000m d’altitude pourtant, et la neige est à peine tout en haut de lointaines et hautes montagnes. A priori, près de 3500m au moins.
La route nous emmène à Ulaangom, une ville proche du fameux lac. Petit arrêt au marché, vous connaissez maintenant le système. Une fois avoir fait les courses, on file donc vers le lac, un peu de piste messieurs dames ça vous manquait ! Nous arrivons donc à l’endroit prévu, mais là, pas de yourte. Enfin si, mais pas celle des nomades qu’on cherche. On se renseigne, on nous fait aller plus loin à droite, plus loin à gauche, plus loin devant, bref on nous balade, en fait les nomades prévus sont visiblement partis. Il faut improviser. On se présente donc à une autre yourte, une petite mamie et son petit-fils nous accueillent et nous proposent immédiatement de rester pour la nuit : c’est ça l’accueil nomade !
Donc nous allons passer la nuit ici. Il y a quelques vaches et un petit veau à côté de la yourte, juste à proximité du puits. Le puits est de bonne qualité ici puisqu’il dispose d’un couvercle (un bout de tôle) et d’un seau (enfin le seau, attendez de voir la vidéo). Nous sommes au milieu d’une morne plaine à la végétation décharnée, à 20km de la ville. Cette famille a un petit tracteur mais on ne voit pas bien à quoi il peut servir, car ici c’est sable et poussière.
On fait donc la corvée d’eau pour le bétail et les humains, et Eve dégaine sa paille filtrante magique, qui nous avait été conseillé par notre orthodontiste à Besançon : on peut donc confirmer deux choses à ce sujet.
Premier point : c’est en effet parfaitement fonctionnel et efficace, l’eau a le goût d’eau propre et ne donne pas « la grouille ».
Deuxième point : le nettoyage de la paille est le problème central, car on est sensé la nettoyer par soufflage à l’envers, mais c’est très dur et on n’arrivera probablement pas à la nettoyer correctement. Donc ça revient à un objet à usage unique, donc trop cher et encombrant pour son usage. Sniff. On aura essayé.
Le soleil va bientôt se coucher, il est temps de traire le bétail. Les vaches reviennent spontanément à proximité pour la traite. Pendant que Chloé prépare les légumes, Audrey, qui est maintenant une grande connaisseuse, se propose pour aider la mamie à traire les animaux, et elle accepte bien volontiers. Du coup, pour fêter ça, la mamie nous offre la vodka maison, servie chaude comme un thé. Ici on appelle ça архи (prononcez ar-hi en faisant rouler le r) c’est un alcool fait maison à base de lait fermenté. C’est pas très fermenté, un peu aigre, avec une saveur plutôt végétale. Le verre est servi, et on se le fait passer l’un après l’autre. Le truc, c’est qu’il est impoli de le rendre sans l’avoir vidé, donc il faut le boire, et ma foi c’est désolant mais je crois qu’on n’a pas vraiment aimé (traduction : on a trouvé ça vraiment pas bon). Mais le respect et la politesse font qu’on va tous en boire une gorgée, enfants compris, c’est comme ça ici. On serait bien restés traire le bétail du coup, hein. Ploum ploum.
Bon mais c’est pas tout, il faut se préparer à dormir.
Or, dans la yourte de la famille, il n’y a que deux lits : un pour mamie et le kido, et un pour son papa qui est en ce moment en train de faire les foins. Bida hérite donc du lit du papa, et nous on s’installe tous les cinq, bien alignés, sur des matelas auto-gonflables, les mêmes que dans la tente hier. Tout le monde est prêt, on est à quelques minutes du dodo, on sort se laver les dents, faire pipi, et là c’est le drame.
Le drame disais-je avant les photos. Et je n’ai pas menti. Car pendant qu’on avait le dos tourné, une vache a profité de la porte restée ouverte pour entrer dans la yourte : elle a senti l’odeur du petit-lait et voulait se faire une bonne rasade. Et elle l’a fait, en reversant au passage un bidon de 40 ou 50 litres. La yourte empeste le petit-lait, la vache est expulsée et on se retrouve tous à éponger le sol avec quelques vieux chiffons.
Finalement, on dormira dans la yourte, mais je ne vous cache pas que l’odeur aigrelette du petit lait renversé qui tiédit dans la moiteur d’un tapis imbibé n’est pas absolument géniale. Mais bon, c’est l’aventure, et on s’en fout car la famille qui nous a reçus est géniale, ces gens sont adorables, c’est encore un excellent contact avec la population locale, la vraie.
Bon sang que ça va être dur de supporter le retour au tourisme officiel quand on sera en Chine, pourvu que l’agence qu’on a mandaté là-bas ait bien pigé ce qu’on recherche. Mais j’ai confiance, après tout pour la Mongolie tout se passe pour le mieux.
Bonne nuit !
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