M-Zone : la vraie vie (sauvage) dans l’Oural
Certains viennent à Molëbka pour y voir des OVNI. D’autres, pour y trouver des sources d’énergie positive (oui, il y a des endroits où on se sent bien, on en reparlera à peine plus bas).
Et puis il y a nous.
Nous sommes venus ici pour rencontrer des gens, des « vrais » gens, pas juste des spécialistes du soutirage de billets aux touristes.
Nous sommes en compagnie de Valéry, Liena, et Zhenja (en vrai son nom c’est Евгений Клементьев) et de leurs fidèles véhicules. Dès le matin, au lever des corps, c’est à dire vers midi heure locale (le changement d’heure fait encore effet), ils sont en train de tout préparer. Valery supervise l’opération sur un moteur. Le véhicule est un ancien véhicule de type soviétique. C’est quasiment un camion ! Aujourd’hui, nous prendrons un modèle « GAZ66 » modifié en 4×4 avec des roues surdimensionnées. En effet, dans l’Oural, on a beau être en été, il a beau faire une température caniculaire, la forêt est grasse et humide. Le véhicule est surpuissant, équipé d’une boîte de vitesses spécialement adaptée, et bien sûr il y a 2 places devant et 6 derrière. En route !
C’est parti, on s’entasse. Liena nous suit avec un second 4×4, pour les provisions et quelques passagers supplémentaires qui sont là avec nous aujourd’hui. Premier arrêt : une croix qui domine la rivière et la forêt. Valery explique qu’il y a ici des énergies qui aident à se concentrer. Il nous montre un endroit mystique où, peut-être, des OVNI se poseraient; l’herbe y pousse de façon différente. Et également, là-bas, dans la forêt, une zone quasi-circulaire où les arbres refusent de pousser. Pourtant ici la forêt est naturelle : aucun bûcheron ou planteur de pins ne vient réguler l’installation des arbres… L’énergie locale, certainement.
Mais il est temps d’aller visiter la forêt. Elle est majoritairement constituée de bouleaux blancs, de pins, et d’arbustes. Et de pièges à voitures ! C’est parti, à peine après 15 minutes de piste, pour notre (premier) bourbier et enlisage (enlisement ? enlisisme ? enlisation !!) pourtant je vous assure que Valery connaît bien sa machine et maîtrise le coin. Mais l’eau et la boue sont plus forts que le talent !
Heureusement, le second 4×4 peut nous aider (et nous aussi, avec quelques bras pour pousser). Et nous repartons aussi sec pour un autre « spot » d’énergie.
Alors personnellement je ne sais pas quoi vous dire sur cette fameuse énergie. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’on se sent vraiment au bout du monde, tranquillement, sans personne ni rien qui vous stresse. La nature vierge pousse, tout autour de nous. A l’exception de Molëbka, le premier humain est à plus de 50km vers l’Est. Dans les autres directions, c’est encore plus loin. Ici, pas de ligne électrique, pas d’autoroute ou d’avions. Aucun bruit, à part les insectes. Ah oui, il faut que je vous en parle, des insectes !
Et cette fois, ce n’est pas pour parler cuisine. Ou alors dans l’autre sens, peut être : nous sommes une nourriture de choix, semble-t-il ! L’été, ici, les insectes prennent le contrôle du secteur. Donc, on s’arme de répulsifs, vêtements-filets, manches longues (et on a chaud !!), Liena a aussi une huile essentielle. Cette dernière, pour le coup, est réellement un joli petit échec au niveau de l’effet répulsif ! Donc, imaginez, il fait dans les 30°C à l’ombre (et on n’est pas forcément à l’ombre, hein), on est en polaire manche longues (parce que bibi il n’a pas pris de tshirt manches longues, pour limiter le poids du sac à dos, donc il met le seul truc long qu’il a à part le poncho), et donc on suinte sévèrement. Mais bon c’est ça ou la cible générale de l’entomo-armada aéroportée. Seb pourra témoigner de leur vigueur !
Dans ce secteur, mais un peu plus loin encore, on s’arrête à nouveau. Ici, explique Valery, il y a un cercle d’énergie. Il faut donc suivre un petit sentier, tracé à force de passage, dans les herbes et fleurs géantes qui poussent ici. Il faut faire trois tours, explique Valery.
Ma foi, allons-y. L’endroit est très joli, vraiment calme. Chacun marche à bonne distance des autres. L’effet est incroyable ! Bon, parfois, il faut savoir regarder où on marche, sinon on met le pied dans un trou de boue/eau (fondrière ? même pas : juste un peu d’eau stagnante qui attend cachée fourbement dans l’herbe)
Nous découvrons, au coeur de nulle part, un immense champ de blé. Oh, bien sûr, il est chétif, et ne pourrait au mieux que nourrir des animaux, mais il pousse ici, tout seul, naturellement ! Je demande à Valery si un quelconque fermier s’en occupe : peut être quelqu’un viendra le récolter. Pas sûr… La vue, en revanche, est tout simplement splendide ! Décor à couper le souffle : immensité vierge à portée de vue !
On reprend un peu l’aventure, toujours dans la taïga bien sûr. Il va être temps de faire un petit casse-croûte : Liena ne lésine pas sur la quantité ! Il est donc l’occasion de vous (re-) parler de la salade Olivier. Eh oui, on n’est pas tous les jours le héros de la salade ! En fait, il y a un certain temps, un cuisinier du nom d’Olivier s’est installé en Russie (à Moscou je crois, mais bon je n’ai pas vérifié), et il a lancé une salade. La salade Olivier. Et en fait, autant on trouve beaucoup des « Oliver » autour du monde, autant « Olivier » c’est un peu un prénom uniquement franco-français. Donc, dès qu’un russe entend mon prénom, il pense à la salade. Relire pour le clin d’oeil ce souvenir d’une nuit dans le train avec un grand amateur de vodka… Alors vous prenez cette fameuse salade, mais sans la mayo.
Et vous ajoutez du Kvas : c’est une boisson typiquement d’ici, un peu comme de la bière sans bulles ni alcool, ou du pain fermenté, je ne sais pas trop le décrire, mais c’est plutôt bon et c’est agréable à boire. Allez, autre parenthèse : le russe ne boit pas d’eau. Non, oubliez vos stéréotypes sur la vodka, je parle de boisson standard : ici personne ne boit d’eau. On boit du thé, toutes sortes de thés, du kvas, de la bière parfois, et plus rarement de la vodka : la consommation de vodka s’est réellement effondrée en Russie depuis qu’il est interdit de conduire avec de l’alcool dans le sang, et que les contrôles sont réels. Bref, à table, vous n’aurez pas d’eau. D’ailleurs, on ne boit pas pendant le repas la plupart du temps ; on boit avant et après. Mais dans la salade magique de Liena, il y a du kvas et donc ça devient une salade-soupe froide, ce qui est parfait avec cette chaleur.
Et là où ça devient top : Valery me propose de conduire le véhicule russe ! Alors le monsieur s’installe au volant et on est partis. Le contact se fait par un interrupteur sur le côté, au pied de la portière, pas sur le tableau de bord. Le démarreur rappelle le « bouton rouge » des anciennes 2 CV. Bien sûr, on démarre en seconde, puisqu’on est en 4×4 courte. Et c’est parti ! Tout l’art consiste à ne pas se prendre dans la prochaine fondrière. Mais ça passe plutôt bien, peut être qu’avoir bien observé Valéry aide aussi.
C’est une expérience très intéressante. Valery me fait confiance, c’est sympa, on se connaît tout juste ! Liena aussi me proposera de conduire ensuite. On aura une jolie frayeur dans un virage boueux avec un embourbage tout en étant penchés à 45°, mais pas de panique, une petite marche arrière en tournant le volant dans le bon sens, et tout va bien même si « Я очень жарко« . En tout cas on rigole bien dans l’Oural. Alors si vous aviez en tête d’immenses montagnes, regardez les photos : ici c’est plutôt des collines.
Et maintenant, on ouvre la piste à même la forêt : hache, tronçonneuse, on coupe et la route apparaît. Aujourd’hui, Valery baptise cette nouvelle voie « Oliver Street ». Hop, il est temps de se refaire un petit pique-nique : c’est qu’il fait faim, traverser la taïga ça creuse son homme. Vivement le bania ce soir, car là on transpire comme des sales, ça commence à sentir l’humain.
Chrystel supervise les travaux de découpe depuis le haut d’un arbre ! Elle guide les hommes pour enlever les troncs et diriger vers les bons passages.
Nous arrivons maintenant dans un autre secteur. Là, nous explique Valery, il y a des arbres qui forment une zone d’énergie féminine. Seules femmes peuvent donc y aller. Il y a aussi, non loin d’ici, un autre lieu mystique : un arbre à voeux. Il faut se mettre contre l’arbre, et l’écouter transmettre notre voeu vers les étoiles. On dirait que ça marche bien.
Mais le temps passe. Voilà déjà près de 8h que nous avons quitté la maison. Allez, on rentre, car il faut manger ! (non je n’exagère pas, on a mangé 5 fois ce jour là, en se levant à midi) : blinins à la soupe de fruits, fromage égrenné à l’ail confit, petites brioches pirojki à la viande et au chou, salades de légumes, boulettes de viande géantes (ici on appelle ça des cot’lett’), soupe bien sûr, betterave rouge râpée à la sauce crémeuse, etc. Un festin je vous dis !
Bref, on a de la chance. Ici, on sait recevoir, les gens sont chaleureux, partagent leurs expériences, et on mange vraiment bien. Et c’est un gourmet gourmand qui vous parle !
Mais attendez, car ça ne s’arrête pas, ce n’est pas fini ! Ce soir, on attend la nuit, et on va à la chasse au dahu aux OVNI !… Et c’est pas des salades !
4 réflexions sur « M-Zone : la vraie vie (sauvage) dans l’Oural »
Alors concernant le moustique de l’Oural, prenez des aiguilles d’acupuncture mais au lieu de vous les enfoncer de qques millimètres, les moustiques vous empalent !! Je trouve que l’image est proche de la réalité.
Sinon, si un jour, il y a possibilité de faire la moto neige sur la « Olivier street », ça serait cool!
Après, je me souviens que l’on mangeait vraiment bien là-bas (soupir)
Bonne suite!
Je confirme. Valery et ses amis nous ont invités à venir faire de la motoneige l’hiver ! Le lieu est magique, j’ai vu les photos !
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