Un petit détour par la route que les touristes ne prennent pas
Comme d’habitude, on fait les petits malins, et on va prendre une jolie route que les touristes basiques ne prennent pas. Tout simplement parce qu’elle ne figure pas sur les cartes qu’on donne aux touristes dans les i-centers, ou alors parce que sur certaines elle est indiquée comme étant « gravel road », une route de graviers. A juste titre, car c’est le cas !
Mais ça ne nous décourage pas du tout, on a vécu la forêt de Molëbka, alors une route toute mignonne mais où il ne manque que l’enrobé, c’est une partie de plaisir !
Nous commençons notre long périple insolite en prenant une highway en direction de l’ouest, voici en vidéo les paysages que nous avons pu rencontrer : collines, virages, forêts et bien sûr prairies à moutons !
Maintenant que j’écris ça, je suis dans l’île du Sud et c’est un peu différent (j’y reviendrai d’ailleurs en temps utile), mais ici dans l’île du Nord où se passe l’aventure d’aujourd’hui, on recherche les lignes droites comme on cherchait l’eau et l’ombre dans le bush australien : c’est rare ! Plus ennuyeux encore hélas : les équipements standard de type aire de repos, tables de pique-nique, toilettes et autres poubelles semblent n’avoir jamais été mis en oeuvre dans ce pays.
On se croirait par endroits dans un triste remake des départementales de la France des années 70-80, avec des pseudo-parkings minuscules bondés, aux buissons envahis de papier toilettes mal caché, où les rares poubelles débordent péniblement et où quelques tables et bancs passablement abîmés se comptent sur les phalanges d’un pouce. Ajoutez à ça un panneau à la connotation bobo-écolo du type « emportez vos déchets » (et quand on est un touriste, et donc qu’on n’a pas de maison, on les emporte où ?) qui permet à l’administration locale de se donner une fausse bonne conscience tout en masquant mal qu’elle radine crassement sur le coût de vidage d’une simple poubelle, bref on sent que ce pays n’est pas encore mûr pour le tourisme moderne.
Pourtant, il y a littéralement des hordes de ces touristes qui foncent s’entasser dans les endroits désignés : en effet on a remarqué que, par contre, les attractions touristiques payantes et privées sont tout à fait garnies de ces accessoires dont je déplore l’inexistence dans les lieux publics. Bien entendu, pour le wifi aussi, vous reviendrez. A leur décharge, ici ils n’ont pas la maladie du rond-point, dont chacun sait maintenant que le bilan écologique est catastrophique (freinage + accélération = pollution, sans compter l’usure inutile des pneus et le bilan carbone des engins de chantier utilisés pour les construire)…
Comparez à l’Australie où on trouvait des barbecues, robinets et prises électriques en libre accès (en plus de tout le reste) à chaque coin de village, et on s’étonnera vraiment de cette différence pour deux pays voisins et partageant beaucoup de choses.
Sur notre route, non loin d’ici il y a une attraction à gogos : des grottes avec des vers luisants. Des cars entiers d’asiatiques s’y déversent en couinant et en raquant bien fort. On ira faire ça, mais dans l’île du Sud on a repéré un joli vallon où c’est gratuit 🙂
Dès qu’on a passé cet endroit hautement mercantile (il y a même un panneau pour une de ces grottes qui indique qu’un troll s’y trouve, on ne sait plus quoi faire ici pour attirer le fan du Seigneur des Anneaux !) on se trouve beaucoup moins nombreux sur la route. Tant mieux, la chaussée est toute fine, et tortille encore plus qu’avant ! Bref, nous arrivons donc à un microscopique parking au bord de la route. On finit par s’y tailler une place (comprendre : on attend qu’une personne parte pour prendre sa place), tout ça parce qu’on va aller voir les Marukopa Falls, une chute d’eau plus large que celle d’hier.
Pour accéder à ladite chute, ou plutôt à la vue sur la chute, un sentier serpente au cœur d’une forêt aussi dense et humide que celle d’hier. Le bruit des chutes et son humidité sont surprenants, on les perçoit à plus de 5 minutes de l’endroit. Nous ne sommes pas seuls. Dans la forêt, au détour du sentier, un étrange arbre tortueux semble abriter un repaire de vieilles sorcières maudites. Les lianes enchevêtrées ruissellent de mousse détrempée, mais par chance ici encore aucun insecte nuisible ne sous inquiète. Ni aucun serpent, puis qu’on sait qu’il n’y a pas de serpents en Nouvelle-Zélande (ni d’écureuils, mais ça c’est moins intéressant en terme de gestion du risque quand on se balade avec des ados en tongs dans une forêt humide). L’endroit est sinistre mais paisible. On entend le bruissement des feuilles et les cris de quelques oiseaux.
Puis tout à coup, la cascade apparaît ! La voici donc en recto-verso.
Une petite vidéo pour l’ambiance des lieux.
Pas de doute, on a bien fait de venir ici ! Mais notre parcours d’aujourd’hui ne fait que commencer. Nous continuons plein ouest jusqu’à l’océan, enfin la Mer de Tasman (soyons précis, il y en a qui nous suivent avec une carte et vérifient qu’on ne ment pas sur les itinéraires, si si je vous assure, j’ai les noms, hum hum), et là on prend à gauche. Et c’est là que l’asphalte et les jolies lignes blanches laissent la place à un lit de gravier gris.
En comparaison avec ce qu’on a vu comme pistes en Russie, en Mongolie, et même en Australie en allant à Come by Chance, ce chemin est un jeu d’enfants. Le paysage est épatant, on est seuls au milieu de la région et on en profite à fond. C’est clair : ici il y a des endroits superbes.
Chaque virage apporte une nouvelle vue, on dirait que la végétation change tous les 5 km. Le relief n’est pas calmé, au contraire : on monte et on descend en permanence, la nature garde le pouvoir ici.
Une fois de plus, on se dit qu’on a bien fait de louer une voiture au lieu d’un camping-car (la conso moyenne dans ce type de terrain y taquine les 30L/100km d’après ce qu’on m’a dit), d’autant qu’il est malheureusement interdit de faire du camping sauvage dans ce pays (quoi qu’en dise une légende tenace).
Avec notre petite voiture, on passe dans au milieu de plusieurs scenic reserves qui méritent bien leur nom, jusqu’à Awakino où nous retrouvons la highway n°3 et son flot de véhicules. A peine plus loin, la route a été partiellement emportée par l’eau lors d’une crue récente.
Ici, pas de plots pendant 2 km pour rien comme on sait si bien le faire en France : on se contente ici de ce qu’il faut pour signaler le danger, et ça c’est super malin ! (oui je sais qu’il y a des normes sur les longueurs de plots avant et après un truc en France, mais je trouve que c’est juste crétin car du coup plus personne n’y prête attention sérieusement surtout sur autoroute où c’est devenu complètement ridicule)
Nous continuons la route vers le sud jusqu’à Inglewood et enfin Hawera, notre destination du jour. Sur notre droite, à l’ouest, nous découvrons le petit frère du Mont Fuji : le Mont Taranaki, aussi appelé Mt Egmont, qui culmine à plus de 2500 m et regarde fièrement la mer qui l’entoure. Mais le véritable objectif de notre trajet d’aujourd’hui se trouve à Hawera. Un SMS nous confirme l’adresse, et nous arrivons devant une grande maison neuve, affublée de tous les gadgets hi-tech du moment (panneaux solaires, interrupteurs lumineux, etc) : nous sommes au bon endroit, Alan et Carol nous attendent avec un sourire non dissimulé, que nous leur rendons avec chaleur.
Ce super couple de Néo-Zélandais pur terroir nous a invités à nous installer chez eux pour 3 nuits. Ils ont un chat (il s’appelle Chaos et à juste titre), lui est fan de modèles réduits ferroviaires, elle est instit dans l’école d’à côté. Les deux sont généreux des deux mains, et nous reçoivent avec les honneurs qu’on rendrait à un ministre. Si je vous raconte qu’avant, Alan était cuisinier dans un resto de poisson, vous comprendrez que ce soir on ne mangera pas du poulet ! On les a rencontrés grâce au réseau Servas, qui permet justement de rencontrer des personnes du pays, des « locaux » comme on dit. C’est notre première expérience en tant qu’invités, et je dois vous dire qu’ils ont placé la barre très haut !
Alan nous fait bien sûr visiter son installation de trains. En fait, il est en train de déménager tout son circuit, donc il n’y presque plus de matériel roulant. En effet, il vient de faire construire derrière sa maison une pièce dédiée à sa passion (officiellement, c’est juste un garage de 80m²).
Mais je dois aller goûter les ananas marinés dans le brandy, je vous raconterai donc la suite demain !
5 réflexions sur « Un petit détour par la route que les touristes ne prennent pas »
Bave …
Fantastique!
pas de son sur les vidéos?
Pas sur la première, ça n’avait aucun intérêt (on entendait juste le son du vent dans l’appareil)
Que de beaux paysages !
Tu as bu quoi ?
(Merci pour la carte, j’en ris encore ! … pour info, je ne suis pas arrivée à vous remercier dans « petits messages »)
Bisous à tous 😉
PS: je suis d’accord avec Titi, ça nous manque vite quand vous publier moins !
Ces vidéos de route gravier me rappellent de superbes souvenirs de la région!! (Sans parler des forêts humides!)
Je bave aussi devant ce réseau de petits trains : si tu as d’autres photos du réseau, cela m’intéresse et cela intéressera mon père qui lui aussi prend le temps de faire son réseau à la maison.
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